Pour sa première incursion dans le "Giallo", le réalisateur italien Umberto Lenzi nous livre une oeuvre reprenant à son compte les codes du genre, agrémentant ainsi une intrigue linéaire mais quelque peu tordue.
En effet, le script suit l'enquête conjointe de la police et d'un jeune couple dont la femme a réussi à survivre aux assauts d'un mystérieux tueur. Se faisant passer pour morte, elle peut de la sorte avec son ami chercher à éclaircir l'affaire, tout en se croyant à l'abri du meurtrier.
Soucieux d'en donner au spectateur pour son argent, le réalisateur aligne non pas un mais trois meurtres, porteurs d'une certaine violence ( la prostituée ), dans le premier quart d'heure du métrage, avant de lancer véritablement l'intrigue, qui se révélera être assez classique, en multipliant les fausses pistes, parfois volontairement trop flagrantes pour être crédibles ( le premier accusé ), et en accumulant les rebondissements qui s'ils font régulièrement mouche ( le meurtre dans l'asile, le final alambiqué ), pêchent parfois en mettant en avant des coïncidences trop surfaites ( la soeur jumelle ) pour être vraiment crédibles, et ont tendance à se télescoper dans une surabondance qui frise l'overdose, notamment dans la dernière moitié du métrage.
Mais au-delà de cette double enquête s'amusant souvent à ridiculiser, de façon détournée et discrète, la police par son manque de résultat répété, le métrage tire une bonne partie de son charme par sa manière à reproduire les ingrédients fondamentaux du "Giallo", en nous présentant un assassin ganté tout de noir vêtu, dont l'identité restera mystérieuse jusqu'aux derniers instants du film, même s'il se "grille" auparavant au détour d'une séquence en apparence anodine, dont Umberto Lenzi filmera les crimes en intégrant parfaitement les effets de caméra subjective pour des séquences amenant un suspense mesuré mais régulier, ainsi qu'une violence brutale tout en demeurant assez limité dans l'hémoglobine ( malgré une "finition" à la perceuse rapide mais expansive ). le réalisateur profitera aussi des différentes situations pour chercher à choquer en s'introduisant brièvement dans le milieu de la drogue et des hippies, tout en n'hésitant pas à dénuder la plupart des victimes, mais ces petits excès pourront aisément sembler inoffensifs de nos jours.
L'interprétation est correcte, mais sans emphase et la mise en scène de l'auteur cherche à être stylisée sans toutefois y parvenir pleinement.
Donc,ce "tueur à l'orchidée", s'il ne parviendra bien évidemment pas à rivaliser les classiques de Dario Argento ou de Mario Bava, reste un spectacle assez prenant, mais souffrant hélas d'un rythme ayant tendance à se relâcher régulièrement !
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