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Ah l’amour, le mariage et le divorce dans la plupart des cas… Intolérable cruauté c’est tout d’abord une critique de l’amour et de ses reflets « humains » au sens imparfait du terme. La rapacité, l’intéressement, la fascination et l’ennui sont en première ligne des enjeux scénaristiques du script des frères Cohen. Tout d'abord ce qui est frappant c’est la banalité des personnages proposés : Des deux principaux couples qui nous sont présentés il n’y en a pas un pour rattraper l’autre… On pourrait penser à un portrait au vitriol d’une catégorie sociale passée au crible depuis le petit laboratoire mental des deux compères mais cet industriel fortuné, son épouse plus jeune et totalement cupide, le producteur télé, son catogan et sa blonde passée entre 6 et 8 fois entre les mains d’un chirurgien plastique sans oublier les insupportables amies de madame Rexroth ou le collègue hypersensible de Miles nous laissent plutôt penser à de grosses caricatures bien voyantes de la haute classe des quartiers chics de Beverly Hills. Bien sur le film est une comédie et l’exagération de leurs traits était sans doute naturelle, néanmoins on aurait pu s’attendre à plus de finesse de la part des auteurs de films aussi remarquables que Fargo, O’brother ou The Big Lebowski.
Le scénario est assez simple : Miles Massey brillant avocat spécialiste du divorce est en grande réussite professionnelle mais blasé et désespérément seul dans la vie (il a un compte ouvert chez Mercedes, redécoré sa maison 2 fois et retapé son chalet, il a aussi 3 jardiniers « ces gens pour l’herbe » lol et un employé pour lustrer son Jet) Il sera amené à défendre Rex Rexroth, un riche promoteur accusé d’adultère par sa femme qui est un exemple typique de la mante religieuse. Ayant réussi à gagner ce procès, Miles sera désormais la proie privilégiée des coups bas de miss Rexroth qui a l’avantage de ne pas le laisser insensible...
Tout cela est filmé avec beaucoup de talent, les acteurs sont de grande qualité, la musique comme toujours dans les films des frères Cohen est omniprésente et choisie avec goût. Vous allez donc me demander ce qui ne va pas avec ce film ? Disons qu’il souffre à mes yeux d’énormes trous noirs qui ne réussissent jamais à se combler malgré de nombreuses tentatives de rebondissement. Le scénario semble se répéter inlassablement et tourner en rond ce qui amène le spectateur à se demander quand est ce qu’il trouvera son épilogue. Personnellement j’ai été terriblement déçu par la fin qui arrive comme un cheveu sur la soupe et que je trouve désespérément plate voire sans intérêt. Le propos du métrage méritait quand même beaucoup mieux. On se retrouve dans un film aux dialogues riches, fourmillant de petites perles délicatement acides et en quelque sorte d’une réflexion pas mal trouvée sur la vie et l’amour. On pourra au choix voir disséquer discrètement les fonction primaires des hommes et des femmes, leurs envies profondes qui chahutent leur inconscient entre le désir d’amour et d’indépendance, les jeux qu’ils se plairont à vivre en négligeant tout aspect sentimental, la question de la compatibilité entre la réussite professionnelle et la sauvegarde de son équilibre mental, les élans passionnels de rupture avec le système établi (qui ne durent jamais tres longtemps) ou même l’utilisation à outrance d’une hypocrisie totale qui ne sera noyée que par le doyen du cabinet d’avocat au réalisme mathématique aussi froid qu’épouvantablement nécessaire. Ces aspects totalement dans la philosophie déconstructionelle et ironique des frères Cohen sont en quelque sorte gâchés par une mise en scène mal appropriée qui donne en pâture au spectateur une ridicule intrigue amoureuse auquel ce dernier n’adhérera jamais. La première partie du film est assez plaisante mais dés que les 2 personnages centraux commencent à trop se rapprocher ça tourne au vinaigre…
Dans le casting on retrouve George Clooney acteur de talent qui communique comme d’habitude une sympathie évidente dans le rôle de Miles Massey, avocat gagnant procès sur procès et usant d’une rhétorique agile et véloce pour mieux convaincre et tromper ses interlocuteurs. Maryline Rexroth est elle interprétée par Catherine Zeta-Jones actrice en vogue au visage fier qui colle parfaitement à son personnage de femme calculatrice et vide de remords. Sa performance est remarquable et sa crédibilité ne souffre d’aucune discussion. Les seconds rôles sont également savoureux, je citerai en vrac Billy Bob Thornton (Tombstone, Dead man, Proposition Indécente) dans le rôle d’un riche cow-boy Texan qui cache bien son jeu, Jonathan Hadary qui interprète l’hilarant Baron Krauss von Espy, Geoffrey Rush (La maison de l’horreur, Pirates des caraïbes, Munich) absolument remarquable lors de la scène d’ouverture (qui laissait augurer de bien belles choses) ou Cedric The Entertainer (et sa carotte lol ) acteur de télévision très populaire aux états unis qui multiplie les rôles au cinéma depuis 2003 (Barbershop, Be cool, les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire)
En conclusion l’Intolérable cruauté dans cette affaire aura surtout été de gâcher un film qui avait tout les ingrédients pour devenir un pilier aussi fort que ses petits frères passés à la postérité. Beaucoup de bonnes idées, un casting remarquable, une réalisation et une musique presque parfaite mais un scénario qui tourne trop sur lui-même ce qui fini par annihiler toutes ces qualités. Dommage…
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