Survival emblématique du début des années quatre-vingt ( mais quelque peu oublié voir même sous-estimé aujourd'hui ), "Mother's day" fut le film dont le succès permit aux frères Kaufman de structurer leur célèbre firme, "Troma".
Le script ne cherche pourtant guère à innover en apparence, en invitant trois jeunes citadines à un week-end en pleine nature, dans un forêt isolée où sévissent deux frères dégénérés aux ordres de leur acariâtre de mère.
Après une séquence d'introduction confondante, toute en faux-semblant pour mieux se jouer du spectateur, mais déjà d'une violence crue et sanglante, le métrage s'attarde presque trop longuement à nous présenter ses trois héroïnes dans leur milieu urbain ( mais heureusement, un humour résolument burlesque vient égayer chaque situation ), puis dans le décor de leur séjour forestier, tout en accumulant les fausses alertes flagrantes basées sur des farces à l'arrière-goût de déjà-vu prononcé, et c'est juste au moment où l'ennui commence sérieusement à s'installer que le film entre enfin dans son sujet avec une attaque bien brutale et méchante s'achevant par la séquestration des demoiselles.
Ensuite, le métrage oscillera en permanence entre un humour rigolard très premier degré ( l'entraînement, les remontrances de la mère ) et une violence froide et perverse expansive ( le viol ), teintée d'un sadisme délibéré et douloureux ( les mains déchirées par la corde ), reprenant à son compte certaines figures obligées du genre ( la course-poursuite dans les bois ) pour alimenter un suspense bien présent par moments, jusqu'à la dernière bobine du film, s'inspirant du principe de "La dernière maison sur la gauche" pour exprimer la vengeance très graphique et méchante des survivantes, avant que le métrage ne s'achève sur un dernier plan terrible.
Mais au-delà d'un humour issu de certaines situations volontairement décalées, le réalisateur parvient à brosser le portrait d'une famille complètement dégénérée, ayant aboli tous les tabous pour se vautrer naturellement dans le vice et la violence. D'ailleurs, même en passant outre la structure même de cette famille ( dominée par la mère ), celle-ci n'est pas sans rappeler celle d'un certain "Massacre à la tronçonneuse", notamment dans des décors crasseux et nauséabonds et dans une ambiance hystérique, même si ici l'aspect comique du film vient en réduire largement l'intensité.
Par contre, on pourra regretter l'aspect quelque peu daté du métrage, terriblement ancré dans le début des années quatre-vingt, qui pourra rebuter certains, surtout dans sa première partie.
L'interprétation est plutôt commune, les trois jeunes actrices ayant du mal à faire passer leurs émotions, mais heureusement la folie et l'outrance de leurs tortionnaires parviennent aisément a en passer la fadeur. La mise en scène du réalisateur est bien carrée, vive et utilisant parfaitement ses effets (surtout en caméra subjective ) pour faire monter la pression.
Les effets spéciaux, presque uniquement basés sur le gore, sont plutôt réussis ( la décapitation ), sans pour autant tomber dans la surenchère.
Donc, ce "Mother's day", s'il accuse quand même le poids des années, reste foncièrement jouissif et méchant, tout en mettant en avant un humour débridé qui deviendra un élément essentiel de la firme "Troma" !
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