Ne nous attardons pas sur le soi-disant "documentaire" du DVD car il ne présente aucun intérêt. Vous n'y trouverez ni plus ni moins que les fleurons de cette maison prestigieuse (Top Hat, La Charge Héroïque, etc...) en hachis ou plutôt en julienne, tant l'ambition des éditeurs était avant tout de faire de la réclame rapide mais présentable: courts extraits des titres de la collection et fiches techniques (=recopiage des résumés du dos des jaquettes, du moins en gros; ça ne se démarque pas des Films sans Frontière). Il ne me semble avoir vu ni images d'archives ni bandes annonces comme le promettait le boîtier cartonné regroupant ces "Incontournables de la RKO" -d'une qualité d'ailleurs assez variable: on est d'accord pour Citizen Kane; à la rigueur pour L'Impossible Monsieur Bébé même s'il y a une bonne demi-heure à enlever; Soupçons, quant à lui, se défend gentiment mais Panique à l'Hotel traîne et n'amuse plus. Bref aparté...
Une fois n'est pas coutume, passons ici au bonus: le film "Amour et Swing" du grand Tim Whelan que l'on ne présente plus (si? euh...par exemple, j'étais sûr de me souvenir...et zut! vous rigolerez moins quand vous aurez mon âge). C'est bien sûr une pochade, un film insignifiant comme un grand verre d'eau claire, mais on ne le réalise pas tout de suite car il compte deux atouts: le restaurateur monosourcil Serge Bromberg vous a mitonné -comme d'habitude- une tonitruante introduction, ainsi qu'un nettoyage de bandes littéralement atomistique... Et là, vous comprenez ce que c'est qu'un film présenté dans une copie PROPRE. Vrai, cet infra-anecdotique "Amour et Swing" (dans lequel joue pour la premiére fois Franck Sinatra et dont le tournage fut un mauvais souvenir pour sa partenaire, Michèle Morgan, voilà pour la petite histoire) tout frétillant d'une clarté picturale qu'il n'a sans doute jamais connue, talonne sans effort les gloires les plus établies et bradées par Aventi telles que Intolérance ou le Cuirassé Potemkine.
Du coup les certitudes vacillent...Bien sûr, ce DVD n'est pas vendu tout seul et c'est tant mieux car un rapide visionnage des premiers plans de Citizen Kane vous réveille de votre torpeur. Néanmoins, on aura mesuré ici, et avec une évidence vraiment inédite, à quel point une bonne remasterisation vous ferait prendre une vessie pour une lanterne.
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