Bully, après Kids, confirmait la brillante aptitude de Clark à disséquer la société américaine à travers les déviations de sa jeunesse. L'ambiance moralement trouble de Kids se retrouve dans cette dérangeante et percutante transposition d'un fait divers : le meurtre prémédité d'un adolescent violent et haïssable par ses camarades. Le parti pris du cinéaste, comme à son habitude, est de nous faire partager le point de vue de personnages dont nous savons que leurs actes sont condamnables, voire répugnants. L'inconscience et l'irresponsabilité des jeunes assassins confrontés au gouffre de la culpabilité n'empêchent pas notre identification à certaines de leurs réactions : la caméra portée fait de nous des complices passifs de leur malaise, dans une Floride oppressante, dépouillée de tous ses attraits touristiques, révélatrice d'une sauvagerie animale qui transforme les proies en prédateurs.
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