En récupérant ce "Blood sucking freaks" ( également connu sous le titre "The incredible torture show" ), "Troma", la firme de Lloyd Kaufman, mettait la main sur un monument du mauvais goût outrancier à l'humour totalement dévastateur, malgré ses faibles moyens.
En effet, le script, surtout prétexte à aligner les sévices divers et variés, met en scène Sardu, propriétaire d'un théâtre underground présentant des pièces macabres dans la droite lignée du "grand-guignol" parisien, à la seule différence qu'ici, le spectacle est réel. Et pour devenir célèbre, cet homme pervers et passablement dérangé veut monter une ballet en utilisant une ballerine célèbre, enlevée et assujettie par la torture.
Mais de cette intrigue finalement très simpliste, le réalisateur ne s'en servira que de support pour nous plonger dans l'univers pervers et dépravé de ce théâtre dominé par son propriétaire adepte des humiliations les plus avilissantes toujours menées sur un ton humoristique d'un mauvais goût affiché, pour une succession de séquences de tortures le plus souvent dirigées vers des jeunes femmes dévêtues, faisant preuve d'une cruauté sans limite dans une volonté d'aller toujours plus loin dans l'abject.
Car même si la plupart des sévices infligés prêtent plutôt à sourire ( également en partie à cause des effets spéciaux frisant l'amateurisme ), comme par exemple cette partie du fléchettes dont la cible sera le postérieur d'une demoiselle, certaines exactions provoquent aisément le malaise, tant elles versent dans un climat malsain appliquant la politique du pire ( la guillotine, par exemple, sévice que n'aurait pas renié le tueur de "Saw", mais ici en bien plus pervers ), ou en mettant en avant des déviances sexuelles complètement amorales à l'outrance plus que généreuse ( le but d'un arrachage de dents en règle ou encore le sort réservé à une tête coupée ).
Alors bien sûr, certains pourront toujours faire la fine bouche devant la gratuité de la chose, ou encore rechigner devant la machisme éhonté du métrage, présentant bien souvent la femme comme un objet ( parfois un sens propre, cf la table ), mais ce serait mettre de côté la force et l'entrain avec lequel le métrage s'efforce de mettre en avant un gore comique et jusquauboutiste qui, allié à un humour noir et perverti, donne un résultant des plus probants pour tout amateur de mauvais goût.
En plus, l'auteur n'hésite jamais à mettre en avant un érotisme omniprésent, déshabillant ses actrices généreusement ou les présentant carrément en tenue issue du milieu SM, quand il ne nous offre pas des moments de dépravation délirants ( l'attitude du médecin face à sa future victime ) ou tout simplement des instants tutoyant l'Eternel ( la demoiselle cannibale se frottant de manière lascive la poitrine avec un morceau de cadavre encore sanglant ).
L'interprétation est correcte, largement dominée par Seamus O'Brian, dont le cabotinage évoque ( volontairement ? ) celui de Vincent Price, mais la plupart des autres acteurs et actrices étant des amateurs, leur jeu s'en ressent forcément mais sans que cela ne nuise vraiment à l'ensemble, vu la précarité évidente et assumée du film. Par contre, le réalisateur n'aura pas été très regardant sur la plastique de ses actrices, la plupart n'entrant pas vraiment dans la catégorie "top-model". La mise en scène de Joel M. Reed ne brille pas non plus par son efficacité, en ne nous offrant la plupart du temps que des plans fixes et simplistes, mais ce qui se passe sur l'écran est suffisamment délirant pour que cela ne se remarque pas. Les effets spéciaux sont bien souvent rudimentaires, mais généreux et plus que réguliers.
Donc, ce "Blood sucking freaks" mérite absolument d'être découvert, tant son obsession pour le mauvais goût, la provocation et la perversion fait plaisir à voir !
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