Western italien tardif réalisé par l’inégal Enzo G. Castellari en 1975 (auteur notamment d’un western-spaghetti remarqué, Django porte sa croix, et d’un polar sublime, Racket), Keoma est un chant du cygne. C’est un film crépusculaire et tragique, aux limites du fantastique, qui narre dans une ambiance lourde et mortuaire un combat fratricide. Porté par l’excellente performance de Franco Nero (inoubliable interprète de Django, de Sergio Corbucci), Keoma se déroule dans un climat déliquescent, dans une ville abandonnée, boueuse et contaminée par la peste, où tout espoir a été banni. La mort, représentée par les apparitions de la vieille femme, y est omniprésente. Bercé par une très belle partition chantée funèbre signée par les frères de Angelis, Keoma aborde également plusieurs thèmes, comme l’inutilité de la guerre ou la perversité des liens familiaux. Par ailleurs, le film fait parfois preuve d’une émotion touchante, comme cette magnifique scène entre Keoma et son père (interprété par William Berger). Et le dernier plan fait froid dans le dos, tout en étant peut-être le début d’une nouvelle ère de liberté (?). Bref, Keoma est l’un des tous derniers grands westerns italiens, qui a donné naissance à un film-jumeau plutôt réussi réalisé par Sergio Martino, Mannaja.
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