Ce western italien mythique, datant de 1967, est réalisé par le cinéaste-culte Giulio Questi, également réalisateur du giallo culte La mort a pondu un œuf (avec Jean-Louis Trintigtnant) et le film d’épouvante culte Arcana. C’est assurément, à ce jour, le titre-phare de la collection western éditée par Seven 7 avec les magistraux Le dernier face-à-face et Saludos Hombre de Sergio Sollima. Dès le premier plan qui voit le génial acteur Tomas Milian (dans le rôle principal) sortir de terre, comme un mort-vivant, puis le massacre barbare de villageois, le spectateur sait qu’il va assister à un spectacle stupéfiant. La mise en scène baroque et extrême de Questi enchaîne les séquences-choc, comme la terrible vision d’un chantier humain, le scalp d’un indien, le viol homosexuel d’un jeune homme, suivi de son suicide, la recherche de balles en or dans un corps humain, etc, et entraîne le spectateur dans une spirale infernale. Si Tire encore si tu peux ! se situe à la lisière du fantastique et du film d’horreur, c’est aussi une critique sociale qui montre un village-fantôme dominé par un tyran (on pense au fascisme et aux Chemises Noires de Mussolini). Les références à la Bible et au fascisme sont légions dans ce western italien hallucinant, d’une rare crudité et qui explose toutes les conventions du genre. L’anti-héros, interprété magistralement par Tomas Milian, est métis et porteur d’une mission qu’il ne mènera pas jusqu’au bout, trop hanté par son passé. Incontestablement, un chef d’œuvre absolu du western-spaghetti, mais aussi du cinéma tout court, qui s’éloigne des codes instaurés par le grand Sergio Leone (repris dans la plupart des westerns italiens), pour trouver sa propre voie.
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