Réalisé en Thaïlande en 2001 par l’un des deux fameux frères Pang, Oxide Pang, notamment auteur du remarquable Ab-normal beauty, One take only est une sorte de suite au superbe thriller Bangkok dangerous, le film qui a fait connaître les deux frères. C’est d’ailleurs le héros de Bangkok dangerous qui joue le rôle principal de cette sordide mais touchante chronique des bas-fonds thaïlandais, où survivre semble être le maître-mot. Le but de Oxide Pang est vraisemblablement de donner une image réaliste de la Thaïlande, pays qui doit garder une image touristique donc positive. Pourtant, la réalité qu’il dépeint est terrifiante : entre trafic de drogue, prostitution, vente à la sauvette, mafia, le tableau qui s’offre au regard du spectateur est bien sombre. Sur un rythme technoïde et un montage chaotique, le cinéaste montre aussi les contradictions et le comportement erratique de ces jeunes gens, intéressés seulement par l’argent, la société de consommation et le paraître. Néanmoins, One take only, malgré sa noirceur, s’avère être aussi une touchante histoire d’amour entre deux jeunes personnes naïves, irresponsables mais en aucun cas méprisables. Et l’émotion envahit le film, quand la tragédie entre en jeu et met fin aux illusions de la vie. Pourtant, le dernier plan clôt One take only sur une note optimiste. Si le spectateur peut être quelque peu gêné par des effets clippesques dont abuse parfois Oxide Pang, le film est pourtant dénué de la moindre concession, ce qui permet de pénétrer dans l’état d’esprit confus des héros par le biais d’un montage déroutant mais tout à fait adapté. Par ailleurs, la fraîcheur du film s’explique par son côté quasi-improvisé, où le cinéaste, comme le titre du métrage l’indique, a bouclé ses scènes en une seule prise. Bref, One take only est une réussite indéniable d’Oxide Pang et un complément indispensable à Bangkok dangerous.
|