Western italien tourné en 1966 par Ferdinando Baldi, spécialiste des peplums et auteur de deux grands westerns-spaghetti : Blindman le justicier aveugle et Le dernier des salauds, Texas adios met une nouvelle fois en scène le charismatique acteur Franco Nero (inoubliable interprète de Django de Sergio Corbucci) dans une histoire aux accents proche du western américain classique. Baldi se préoccupe surtout de la psychologie de ses personnages dans cette sombre histoire de vengeance qui débouchera sur la tragédie. Ici, pas de démesure, pas de baroque, juste un western sobre, dont la violence sèche impressionne. Nero interprète un shérif (fait très rare dans le western italien) qui essaie de venger le meurtre de son père, en compagnie de son jeune frère. Mais Baldi tire le meilleur parti de cette trame classique, en créant habilement un suspense basé sur le secret des liens qui unissent Nero, son frère et le meurtrier du père. Sur un canevas proche de l’excellent Le temps du massacre de Lucio Fulci, Baldi opte pour un ton plus réaliste qui s’intéresse surtout à la tragédie familiale et qui aboutira à une révélation surprenante. L’espace est parfaitement maîtrisé par le cinéaste, qui crée ainsi un voyage marqué par le sceau du destin et de la fatalité, sous l’œil d’un Dieu impuissant, et où des victimes innocentes meurent, notamment les deux jeunes filles du film, impitoyablement sacrifiées. Le fait que Nero veuille seulement rendre à la justice l’assassin de son père, sans le tuer, est également étrange dans l’univers du western, qui plus est du western-spaghetti (où la vengeance se solde habituellement par la mort du méchant), et renforce la singularité du film. Baldi livre ainsi une œuvre atypique qui démontre les multiples facettes du western italien, loin de se réduire à une parodie ou à une violence ludique et excessive.
|