Il va falloir se faire à cette idée: certaines comiques US ne passeront jamais l'Atlantique pour devenir des phénomènes en France. Si Ben Stiller a réussi à s'imposer facilement grâce à des rôles dans beaucoup de films (comédies, drames, romantiques), le reste de sa bande (le Frat Pack, hommage au Rat Pack de la grande époque) ne fait que suivre le même chemin. Quand ils ne sont pas stars de films à gros budgets ou de comédies calibrés, ils sont méconnus. Qui pourrait citer un autre film avec Vince Vaughn que "La Rupture" ? Qui pourrait trouver une pépite d'Owen Wilson derrière "Shangai Kid" ? Certains y arrivent grâce à de la chance ("Serial Noceurs", "Starsky & Hutch"), mais globalement, ces comiques sont uniquement reconnus aux Etats-Unis comme des Dieux vivant. La récente annonce de la non-sortie de "Talladega Nights" ("Ricky Bobby, roi du circuit") refait revenir sur le devant de la scène le premier grand film de Will Ferrell. Véritable star grâce à ses sketchs totalement hilarants au SNL (le portail pour tout les comiques), il a lancer sa carrière à travers quelques seconds rôles sacrément agréables avant de délivrer ce "Anchorman" ("Présentateur Vedette" ou "La légende de Ron Burgundy" en France), pur produit de son génie comique. Pour ceux qui pensent que Ferrell n'est que l'acteur à côté de Kidman dans "Ma sorcière bien-aimée" et le lourdaud de Allen dans "Melinda et Melinda", il vous faudra faire une raison: Ferrell est l'un des meilleurs comiques du monde.
Alors "Anchorman", ça parle de quoi ? Comme son titre l'indique, il s'agit d'une plongée dans l'univers de la télévision US et du monde impitoyable des présentateurs. Dans les années 70, un seul régnait sur la chaîne locale de Chicago: Ron Burgundy, accompagné d'une équipe hors du commun. Le succès, la richesse, les femmes, tout semble sourire à Burgundy et son équipe. Jusqu'au jour où il fait la rencontre de Veronica, une nouvelle recrue. Ne voyant pas la volonté de cette femme pour devenir à tout prix présentatrice elle-aussi, Burgundy va devoir trouver tout les moyens nécessaires pour redevenir le maître à bord et retrouver sa place de leader télévisuel. Jusqu'à ce que l'amour s'en mêle...
Bien entendu, "Anchorman" est tout sauf une comédie romantique habituelle, puisqu'il s'agit bel et bien d'un immense show de 90 minutes où l'ironie et le second degré règnent entre les séquences cultes et les personnages plus ignars les uns que les autres. Ferrell ne se prend absolument pas au sèrieux, tout comme le réalisateur Adam McKay, également scénariste du film et qui met en scène cette aventure d'une simplicité affolante pour mieux déjouer les règles de la comédie classique. Sur un schéma niaiseux à souhait, on suite donc Ron à plusieurs étapes: le succès, sa rencontre avec Veronica, sa chute totale et sa remontée inattendue, ponctuée par la reprise de sa relation passionnelle avec cette nouvelle présentatrice TV. Derrière cela se cache tout les clichés possibles et inimaginables disperées au cours de multiples étapes dans le récit: l'arrivée de Véronica où tout les hommes sont des énormes matchos obsédés sexuels (chaque membre de l'équipe tente de la séduire tour à tour), son succès inattendu et sa rivalité avec le pauvre Ron (présentateur totalement égocentrique), la chute de Ron qui plonge dans le chaos total (il boit du lait en débardeur comme un clochard en pleine rue) et la séquence finale autour de l'accouchement d'un bébé panda dans un zoo, où Ron récupère son poste et la fille dans un élan d'héroïsme. Le tout est bien entendu trop gentil pour être honnête, puisque les 90 minutes de récit sont l'occasions d'enchaîner les répliques cultes ("Quand on va à Rome..."), les situations déjantées (une érection géante, un show organisé à la flûte dans un restaurant) et les séquences tout simplement cultes. Au programme: une rivalité omniprésente entre les journalistes de Chicago qui se conclue par une bataille gigantesque entre les présentateurs de chaque JT (avec un côté "West Side Story" croustillant), une scène de sexe animée et férocement incorrecte (Ron et Véronica sur des chevaux sur un arc-en-ciel), une scène déchirante où Ron perd son fidèle chien Baxter et n'arrive pas à aligner les mots, et toute la partie où notre héros se retrouve à la héros comme un véritable clochard.
Mais le film ne serait rien sans sa galerie de personnages effarantes de bout en bout. Will Ferrell porte véritablement le film sur les épaules et se trouve être indescriptible du début jusqu'à la fin tant il atteint la perfection dans l'imbécilité de son personnage. Beauf, faussement sensible, matcho, sexiste, obsédé et orgueilleux, Ron est un héros que l'on adore mêm esi on sait qu'il ne fait qu'entraîner avec lui les pires méfaits au sein du journal. Il faut dire qu'il est entouré par 3 pieds-nickelés déconcertants: le monsieur météo qui mange des ampoules et crit sans savoir pourquoi (Steve Carell, qui remonte enfin sa cote avec "Little Miss Sunshine" et "Evan Tout Puissant"), l'envoyé spécial sur le terrain utilisant des parfums pourrissants pour séduire les jeunes femmes (Paul Rudd, "La Nuit au Musée") et le commentateur sportif obsédé sexuel et tout aussi abruti que les autres (David Koechner, "Des Serpents dans l'avion"). Tous (acteurs ou personnages) ont mérité leur place dans le panthéon du Frat Pack, d'autant plus que le film offre des caméos et des seconds rôles jouissifs à souhait: Christina Applegate ("Wonderland"), Fred Willard ("American Pie 3"), Danny Trejo ("Une Nuit en Enfer"), Jack Black ("Rock Academy"), Seth Rogen ("40 ans toujours puceau") et surtout Ben Stiller/Luke Wilson/Tim Robbins/Vince Vaughn en présentateurs rivaux. Une équipe hors du commun en somme.
Je ne le dirais jamais assez: IL FAUT VOIR LA LEGENDE DE RON BURDUNGY. C'est surtout la meilleure comédie régressive jamais faite depuis "Dumb & Dumber". Ni plus ni moins !
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