Après Hic, Pàlfi, dans Taxidermie son second long métrage, développe encore sa logique. Le cinéaste fascine, écoeure peut-être, et finit par provoquer une réflexion sur le désir, l'appétit, le rêve et l'enfermement de l'humain dans l'être humain. Certaines séquences peuvent secouer quelques spectateurs, mais l'audace formelle du film magnifie les séquences les plus crues. Ce film raconte l'histoire d'une famille hongroise sur trois générations à la manière d'un film à sketches. Le premier segment raconte les brutalités d'un capitaine sur son aide de camp érotomane, le premier "héros" de cette fresque. Le geste masturbatoire du brimé tient lieu de canevas dramatique: pénétration d'un trou dans le mur d'une cabane avec de l'autre côté un coq qui picore le gland, éjaculations assimilées à un brasier ou à une constellation d'étoiles dans le ciel... La crudité des détails autorise les visions les plus surréalisantes et les métaphores le plus hardies. Or, tandis qu'on commençait à s'habituer à ces déflagrations poétiques, le coït de l'aide de camp avec une grosse femme dans une baignoire, qui renvoie aux images d'un cochon égorgé, fait basculer le récit au beau milieu d'une olympiade alimentaire à l'ère soviétique. Début du 2ème sketche où le fils du militaire doit manger plus et plus vite que ses rivaux pour remporter la médaille et le coeur d'une championne au doux physique de sumo. Enfin le 3ème sketche sur le petit-fils, taxidermiste de son état qui entreprend rien de moins qu'une quête d'éternité via la conservation de la chair en pratiquant son art sur son propre corps. Film fascinant.
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