Cet "Abominable homme des neiges", réalisé par W. Lee Wilder, auteur de quelques perles kitsch de science-fiction dans les années cinquante, reprend globalement la trame de "King-Kong" pour nous conter sa petite histoire de Yéti.
En effet, le script nous convie à une expédition botaniste dans l'Himalaya qui par la force des choses va se transformer en chasse au Yéti, et une fois capturé, celui-ci, ramené en ville, va bien entendu s'échapper et semer une courte panique.
La première partie du métrage, racontée en voix-off, adopte un ton et une forme proches du reportage d'époque pour planter son intrigue au coeur de la montagne et présenter ses personnages, tout en se révélant être d'un intérêt plus que limité.
Mais, dès la mutinerie des sherpas, soucieux de partir traquer l'abominable homme des neiges ayant enlevé l'épouse de l'un des leurs, le métrage se fend d'un humour discret mais assez efficace, tranchant avec le ton apparemment sérieux de l'ensemble, pour alimenter des rebondissements classiques amenant finalement la capture attendue de la bête.
La seconde partie du film, qui verra l'arrivée du Yéti en ville à des fins d'examens scientifiques et son évasion rocambolesque à travers la ville et les égouts, sera quant à elle bien plus superficielle dans son traitement, s'attardant sur des détails incongrus ( le statut d'homme ou d'animal de la créature, qui n'intéressera personne ! ) au lieu de se laisser aller à une action ici à peine esquissée dans les toutes dernières minutes du métrage, ne laissant bien évidemment pas le temps à un minimum de suspense de s'installer.
Et cela reste bien le principal reproche que l'on pourra faire au film qui accumule les séquences de dialogues le plus souvent d'une futilité à toute épreuve, ramenant l'intrigue principale au second plan à cause de péripéties presque inutiles ( la radio endommagée, la naissance du fils du policier ).
Quant au monstre en lui-même, le réalisateur, certainement conscient des faiblesses évidentes des effets spéciaux alignant un homme en costume bien visible, a préféré le reléguer à quelques apparitions nocturnes rapidement expédiées, n'arrivant de la sorte jamais à avoir le moindre effet sur le spectateur, et encore moins à le surprendre.
L'interprétation est cohérente mais sans véritable relief, et la mise en scène du réalisateur est plutôt pâle et terne, sans réel implication dans l'histoire.
Donc, cet "Abominable homme des neiges" restera purement anecdotique, pas assez volontaire pour être vraiment kitsch, tout en semblant se prendre un peu trop au sérieux dans la narration de son histoire !
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