C'est au prolifique réalisateur mexicain Chano Urueta que nous devons ce "Baron de la terreur" qui malgré un thème très classique parvient quand même à captiver pleinement.
Le script nous conte la vengeance d'un sorcier brûlé vif pendant l'inquisition qui reviendra persécuter et assassiner les descendants de ses bourreaux, mais en devant pour accomplir ses forfaits se transformer en un monstre difforme se nourrissant exclusivement des cerveaux de ses victimes.
La très longue séquence d'introduction vaudra rien qu'à elle seule le détour, tant le réalisateur arrive parfaitement à retranscrire l'ambiance solennelle et cruelle des procès de l'inquisition tout en ne montrant aucune torture, laissant ainsi le soin au spectateur de s'imaginer les supplices énoncés subis par ce baron démoniaque qui ne semble guère préoccupé par son sort peu enviable, tant il sera sûr de l'application future de sa malédiction proférée sur le bûcher, via une comète qui lui permettra de revenir hanter la descendance de ses tortionnaires.
Et bien entendu, c'est ce qui arrivera trois siècles plus tard lorsque cette comète repassera près de la Terre, libérant dans la foulée notre homme qui ne mettra pas longtemps pour retrouver ses futures victimes.
Le métrage se bornera ensuite de mettre en scène la revanche de ce sorcier raffiné qui aura même l'audace d'inviter ses proies à une soirée pour mieux les connaître avant de passer à l'acte.
Et toute la seconde partie du film se contentera d'aligner les scènes de meurtres, dont le principal intérêt sera bien sûr dans la transformation très "spéciale" de ce baron qui n'inspirera pas vraiment la terreur, à cause d'un maquillage très kitsch, mais qui, étrangement, ne prête pas plus à sourire que cela remis dans son contexte, tout en n'oubliant pas de faire preuve d'une certaine ironie dans les différentes situations proposée ( notamment lorsque le baron prend un malin plaisir à embrasser ses victimes féminines devant leur mari hypnotisé mais conscient ).
Mais bien entendu, le final restera dans une mouvance moralisatrice prévisible en épargnant le couple de héros grâce à une intervention assez surfaite et tout à fait prévisible.
Et le sérieux régnant sur l'ensemble du métrage aidera largement celui-ci à gagner en intérêt et parfois même à créer un début de tension, largement soutenue par un personnage principal au charisme évident qui parvient aisément à monopoliser l'attention aussi bien de ses victimes que du spectateur, alors que l'humour vient juste ici ponctuer discrètement certaines répliques souriantes.
L'interprétation est donc largement convaincante, bien évidemment dominée par Abel Salazar ( également producteur du film ), un habitué des productions horrifiques locales qui fera preuve ici d'un savoir-faire remarquable dans le rôle du baron, et la mise en scène du réalisateur est assez vivante, alerte, et conditionne le rythme constant et sans temps morts du métrage.
Les effets spéciaux se limitent à quelques vagues plaies dues aux morsures du monstre, et au maquillage de celui-ci, très pittoresque et d'une naïveté certaine, jusque dans la langue pendante d'un carton-pâte flagrant.
Donc, ce "Baron de la terreur" se laisse suivre facilement, grâce à une action constante et à une interprétation carrée parvenant ainsi à faire oublier son classicisme et son monstre qui aurait facilement pu faire sombrer l'ensemble dans le ridicule !
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