Avec la vague de remakes sévissant outre-atlantique depuis quelques années, cette relecture du petit classique de Wes Craven datant de 1976 n'avait finalement rien de surprenant, et le choix d'Alexandre Aja à la réalisation s'avéra plus que bénéfique puisque le résultat est brillant, sauvage, sanglant et brutal, sans pour autant négliger le suspense.
Le script reprend globalement la trame de l'initial pour nous amener à suivre les déboires de cette famille en route pour la Californie qui va se retrouver confrontée à une bande de sauvages dégénérés sanguinaires.
Et dès sa séquence d'introduction, le métrage donne le ton, ce sera méchant, sanglant et violent, tout en installant directement une atmosphère lourde de menace.
D'ailleurs, ce sentiment d'appréhension ne quittera plus le film, et même l'obligatoire présentation des personnages sera déjà tendue, trahissant d'entrée la présence d'individus aux intentions troubles ( le vol du pull ), chose qui ne sera de toutes façons pas un mystère pour quiconque ayant déjà vu le film original. Mais le réalisateur parvient quand même à communiquer un sentiment d'insécurité latent et permanent à son spectateur, renforcé également par le rôle trouble et équivoque joué par ce pompiste dans le début de l'histoire.
Par contre, les personnages auront dans un premier temps bien du mal à être accrocheurs ( même si leur capital sympathie augmentera largement au fur à à mesure que l'on avance dans le métrage ), surtout du fait de l'opposition quelque peu caricaturale entre les deux hommes de la famille, reprenant difficilement une thématique politique classique américaine avec cet affrontement entre le père républicain sécuritaire et son gendre démocrate détestant les armes à feu.
Mais ce petit écart sera vite relégué lorsque l'intrigue rentrera véritablement dans le vif du sujet après cet accident qui contraindra le petit groupe à s'arrêter en plein désert. Car malgré quelques effets faciles ( les rapides passages de d'ombres devant la caméra ), Alexandre Aja arrivera remarquablement à présenter l'étendue désertique comme un lieu hostile, propice à dissimuler n'importe quel danger, et d'ailleurs, ce sera progressivement que le spectateur sera amené à découvrir la réalité du péril qui rôde autour de cette famille, avant que l'explosion de violence lors de l'attaque de la caravane, barbare, déviante et froidement nihiliste, ne nous révèle l'horrible physique des mutants, même si la piste clairement identifiée quant à leur origine nous avait préparé au pire.
Et c'est aussi cette origine radioactive qui, tout en donnant une certaine profondeur à l'intrigue, permettra au film de rebondir magistralement avec un troisième acte inédit, nous montrant une revanche des survivants bien plus graphique et sanglante que dans le film de Wes Craven, alignant des scènes d'une violence et d'une sauvagerie avérées, tout en nous gratifiant de plans d'un gore volontaire très généreux tout en restant réaliste.
Mais même lors de ce nouveau déchaînement de violence, l'auteur ne néglige pas pour autant le suspense, parvenant à créer une tension palpable de tous les instants et avançant quelques effets de surprise réussis ( aidés aussi par la présence récurrente des mannequins ), même si certaines situations pourront paraître assez faciles ( le retour du chien, ou l'incroyable résistance de certains protagonistes, par exemples ), alors que la métamorphose du personnage principal aura également de quoi surprendre dans son jusqu'auboutisme.
Les mutants présente donc un faciès très visuel, élaboré, mais ne parviendront quand même pas à faire oublier le surprenant Michael Berryman, même si ce dernier pourra sembler finalement bien "gentil" face à ses rivaux de 2006.
L'interprétation est convaincante, les différents personnages restant toujours crédibles dans leurs réactions, sans aucun surjouage nuisible, et la mise en scène d'Alexandre Aja participe plus qu'activement à créer ce climat tendu si probant, grâce à des mouvements de caméra amples, alternant avec un cadrage sérré, tout en utilisant de manière indéterminable l'effet de caméra subjective, amenant ainsi le spectateur à douter en permanence de l'omniprésence des assaillants.
Les effets spéciaux restent un autre point fort du film, l'auteur n'hésitant à aucun moment à suivre jusqu'au bout ses actions sanglantes entraînant des blessures très graphiques ( notamment causées par cette pioche dévastatrice ), alors que les maquillages sont invisibles.
Donc, cette "Colline a des yeux" version 2006 n'a aucun mal à surpasser le film original, tant ce film s'avère être jouissif dans sa sauvagerie et sa violence gore, tout en étant instantanément prenant et même parfois dérangeant !
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