Le roumain Lucian Pintilie signe un film resserré à l'essentiel et d'une grande densité. Vieux colonel à la retraite, Niki vient de perdre son fils suite à une électrocution. Sa fille Angela et son gendre s'apprêtent à quitter la Roumanie pour les Etats-Unis. Beau-père d'Angela, Flo, sorte de tyran refoulé, s'en prend au colonel qu'il traite comme un enfant. Un tragique teinté de burlesque fait irruption au moment où on s'y attend le moins: de ce télescopage de situations a priori inconciliables naît un humour noir, à la fois désespéré et terriblement lucide qui condense la vision qu'a du monde le cinéaste. Ce cinéma de l'ellipse et de l'épure, quasi minimaliste n'a besoin d'aucune surenchère émotionnelle pour nous toucher. Dans ce film sur la perte, la mort est omniprésente jusque dans le regard absent de Niki sur l'étal du boucher.
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