Scola affronte le thème de la vie dans les bidonvilles à Rome avec une précision de ton, une ironie, une méchanceté, une cruauté exemplaires. On ne saurait trouver plus laid, plus sale, plus méchant que ses héros négatifs. Manfredi, patriarche d'une nombreuse famille qui campe dans une horrible baraque, est prodigieux de talent et de cruauté. Il va bien au-delà des limites de la vulgarité et de l'indécence pour trouver une dimension grotesque surhumaine. Traités comme des cafards, exhibés dans la lumière crue de leur vie quotidienne, les zonards de Scola font cependant preuve d'une vitalité extraordinaire. Comédie anti-sociale, virulent pamphlet, "Affreux, sales et méchants" fait passer un message de révolte. Seuls les enfants pourraient peut-être encore être sauvés de ce monstrueux processus de deshumanisation encore que la dernière image montrant la fillette déjà enceinte qui sort comme chaque matin pour ramasser le linge est d'un pessimisme total. On peut rapprocher ce film, côté comédie noire, d'"A cheval sur le tigre" de Comencini.
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