Bien que réalisée par un Tobe Hooper alors dans le creux de la vague de sa carrière, ce "Crocodile", malgré une histoire terriblement rabâchée et une tendance regrettable à aligner les pires clichés du genre, n'en reste pas moins une petite série B suffisamment dynamique pour supporter une vision.
Le script place l'inévitable bande de jeunes abrutis face à un gigantesque crocodile vindicatif, pas vraiment content qu'on lui ait détruit ses oeufs.
Sans préambule, le métrage nous présente directement ses personnages, un groupe de jeunes écervelés particulièrement horripilants dans leur bêtise complaisamment affichée à l'écran, presque trop pour qu'on ne puisse s'empêcher de penser que le réalisateur a quelque part chercher à se gausser des stéréotypes du genre, avant d'enfin mettre en action ce crocodile géant qui s'empressera de dévorer les deux pêcheurs ayant eu le malheur de détruire une partie de ses oeufs pour une séquence essayant vainement de surprendre le spectateur, malgré sa mise en parallèle avec la légende du "chien du fleuve" racontée comme il se doit autour d'un feu de camp par nos djeun's.
Ensuite l'intrigue, tout en jouant constamment sur l'éventualité de la présence du prédateur pour mieux nous infliger des fausses alertes la plupart du temps insipides, mettra le groupe face au crocodile qui va s'acharner sur eux, à cause d'un des protagonistes qui aura eu la bonne idée de planquer un des oeufs dans le sac à dos d'une demoiselle qui passera de manière définitivement invraisemblable le reste du métrage sans se rendre compte de la présence de ce poids supplémentaire normalement bien envahissant dans son sac.
Les différents assauts de la bestiole resteront bien classiques, avec des effets de surprise bien trop prévisibles pour espérer fonctionner, mais Tobe Hooper aura quand même la bonne idée de pimenter ces scènes par un soupçon de gore parfois assez graphique ( le jeune homme coupé en deux par les mâchoires du saurien, par exemple ), tout en retrouvant en de rares instants une hystérie assez jouissive ( l'attaque dans le drugstore ), avant de conclure par un final certes complètement improbable mais comique tout en restant moralisateur.
Mais hélas, entre ces séquences d'action sympathiques malgré un manque total de suspense, l'intrigue s'attardera avec bien trop d'insistance sur les relations houleuses existantes entre les différents protagonistes et leurs déboires amoureux, et seule l'irruption des deux éleveurs d'alligators permettra au réalisateur de retrouver brièvement une ambiance glauque rappelant bien entendu celle de son "Massacre à la tronçonneuse" lors de la découverte de l'antre de ces deux personnages passablement dégénérés.
L'humour présent dans le métrage sera bien trop souvent lourdingue et potache, et c'est uniquement par quelques petites touches d'ironie que le réalisateur se montrera pertinent, tout comme lorsqu'il s'amusera avec son spectateur avec ce petit chien dont on attend à chaque instant qu'il se fasse dévorer par le crocodile.
L'interprétation est acceptable mais sans relief et Tobe Hooper parvient grâce à son savoir-faire à dynamiser l'ensemble de manière plutôt efficace, avec également une utilisation probante de la caméra subjective.
Les effets spéciaux sont mitigés, en étant réussis lorsqu'il s'agit de verser dans le gore, mais l'animation de la créature reste bien trop voyante à cause de l'abus d'un numérique trop "cheap" ( mais ce film est une production de "Nu Image", donc il n'y a rien d'étonnant à cela ).
Donc, ce "Crocodile" n'aidera nullement à redorer le blason de Tobe Hooper, mais pourra se suivre sans déplaisir, avec un minimum d'indulgence, bien sûr !
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