Avec ce "Antibodies", le réalisateur allemand Christian Alvart nous livre un excellent thriller, torturé, glauque, assez malsain et surtout passionnant de bout en bout, hélas légèrement plombé par un final flirtant avec le ridicule.
Le script suit l'enquête d'un policier provincial allemand suite au meurtre abject d'une fillette de douze ans dans sa commune, qui va l'amener à être confronté à un terrible serial-killer violeur de petits garçons, récemment arrêté et dont les meurtres ressemblent beaucoup à celui qui le préoccupe.
La terrible séquence d'introduction nous place directement dans l'univers de ce tueur en série, artiste peintre réalisant ses tableaux avec le sang de ses victimes, pour une arrestation musclée et violente affichant déjà le ton sombre et direct du métrage.
Ensuite, le métrage nous présentera son personnage principal, un policier rural un peu "beauf", désabusé par une enquête au point mort qui lui vaut l'hostilité méfiante de sa communauté ( et surtout de son beau-père, avec la mort du chien ) et un couple perturbé par les problèmes de leur fils de quinze ans, ami de la victime, tout en laissant en même temps l'intrigue nous en apprendre un peu plus sur les méthodes et les méfaits du meurtrier devenant de plus en plus pervers et scabreux au fil des détails qu'il raconte aux inspecteurs l'interrogeant, avant que le face à face attendu n'intervienne.
Et même si l'on ne pourra bien évidemment pas s'empêcher de penser au "Silence des agneaux" devant cette rencontre en prison rappelant de toute évidence le film de Jonathan Demme, aussi bien dans la forme que dans le fond, avec un meurtrier cherchant à en savoir plus sur son interlocuteur de façon perverse et dévoyée, le réalisateur en sera conscient en proposant plutôt ces séquences sous forme d'hommage que de plagiat, indiquant bien au spectateur que la parallèle est volontaire grâce à une réplique assassine du tueur faisant directement allusion à Hannibal Lecter.
De plus, Christian Alvart aura la finesse de ne pas opposer les deux protagonistes de façon trop frontale, en montrant ainsi le policier censé représenter le Bien se laisser peu à peu pervertir par les pensées tordues et malsaines de son interlocuteur.
Et c'est également au niveau des développements au niveau de l'enquête sur le meurtre de la fillette que le métrage va devenir de plus en plus oppressant, avec un doute réel quant à l'implication exacte de notre meurtrier, surtout que ce dernier va jouer à un véritable jeu du "chat et de la souris" avec le policier, laissant sous-entendre une réalité odieuse et terrible qui va alimenter le suspense tendu dans des rebondissements laissant de plus en plus précisément présager le pire, et ce jusqu'au final annihilant hélas tout le travail accompli jusqu'alors par une happy-end stupide et improbable ( les biches ).
Mais ce qui fait également la force du métrage, c'est son imprégnation dans une réalité toute européenne dont certaines situations viennent nous remettre à l'esprit certains faits divers sordides ( le test d'analyse de sperme réalisé sur les habitants du village, par exemple ), alors que le réalisateur n'hésite à aucun moment à utiliser des détails crédibles mais peu reluisants pour expliquer certaines choses, tout comme il s'engagera régulièrement dans des sous-entendus scabreux et sordides allant au fond des choses.
L'interprétation est plus que convaincante, portée par un André Hennicke parfait dans le rôle du meurtrier froid et sans émotion apparente et la mise en scène du réalisateur, bien que souvent calme et posée, donne un rythme constant au film, tout en jouant la carte de l'intimisme avec réussite.
Donc, ce "Antibodies" aura largement de quoi convaincre par sa froideur et son âpreté, épaulé par une intrigue retorse savamment orchestrée, mais on pourra quand même regretter que le réalisateur n'aille pas au bout de son concept pour nous infliger ce final inutile et aberrant !
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