Rob Zombie, l'ex leader du groupe de rock industriel "White zombie" a choisi de frapper un grand coup pour cette fausse suite de son déjà très sympathique premier long métrage "La maison des 1000 morts", tout en s'éloignant quelque peu du genre pour nous offrir un road-movie sévère, méchant et en même temps terriblement jouissif.
Le script suit en effet une famille de meurtriers passablement dégénérés, violents, barbares et sans scrupule qui vont chercher à échapper à un policier ivre de vengeance suite au meurtre de son frère.
Dès sa séquence d'introduction, le métrage donne le ton en s'immisçant dans l'univers de la ferme de cette famille de tueurs pour un cadre renvoyant directement à l'antre de Leatherface dans "Massacre à la tronçonneuse", le temps pour ceux-ci de se réveiller pour se rendre compte que de nombreux policiers les encerclent. S'ensuivra une fusillade mémorable, magnifiquement mise en scène par le réalisateur qui donnera le départ d'une terrible fuite en avant pour les deux membres rescapés, le frère et la soeur, bientôt rejoint par leur père dans un hôtel sordide, après que sa progéniture n'ait séquestré et humilié quelques quidams. Mais bien entendu, leur route ne va pas tarder à croiser celle du shérif parti à leur recherche pour un règlement de compte sadique et brutal.
Ce qui frappe d'entrée dans le métrage, outre son aspect d'un réalisme froid et bien glauque qui n'est pas sans rappeler les oeuvres phares des années soixante-dix, c'est le parti-pris et la volonté jusquauboutiste de Rob Zombie.
Car en effet, dès le début, c'est du côté des meurtriers que se place le réalisateur, amenant ainsi le spectateur, malgré les abominations découvertes, à se placer lui aussi en faveur de cette bande, dans une invitation à les rejoindre dans leurs délires souvent sadiques et jouissifs dont les victimes ne seront présentées que comme des personnages sans âme, d'une platitude n'incitant aucunement à les plaindre dans leurs déboires, alors que leurs bourreaux respirent quant à eux la joie de vivre ( surtout le personnage interprété par la toute mignonne Sheri Moon Zombie ) et manient un humour noir excellent.
Et cette connivence de fait ne quittera jamais le spectateur qui en viendra même à trembler pour le sort de ces meurtriers et à espérer de tout coeur qu'ils parviennent à s'en sortir, et ce sera donc douloureusement que nous suivrons leur calvaire lors du dernier acte du film.
Mais ce qui frappera également le spectateur, c'est donc la volonté de se donner à fond choisie par Rob Zombie qui n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il s'agit de montrer la violence ( les coups portés font mal et sont directs ) et la capacité de ses personnages à humilier et à martyriser leur prochain pour des séquences alliant un sadisme bien souvent pervers à une brutalité totale et sans appel, sans pour autant que le film ne verse dans un gore outrancier, malgré quand même quelques plans épicés.
Mais l'intrigue peut aussi s'appuyer sur la personnalité et le charisme de ses trois principaux personnages, auxquels le réalisateur apporte toute la bienveillance nécessaire pour qu'ils puissent s'épanouir devant la caméra et envoûter le spectateur, et c'est avec un réel plaisir que l'on retrouve notamment le Cap'tain Spaulding, toujours aussi gouailleur et excellent dans ses réparties, même s'il est sévèrement concurrencé par sa fille , aguicheuse en diable, un vrai régal pour les yeux.
Et justement, en plus des hommages francs et aisément reconnaissables ( "Massacre à la tronçonneuse", "La dernière maison sur la gauche" et même "Vendredi 13" avec ce personnage difforme portant un sac à patates sur la tête ), Rob Zombie s'est entouré pour son film de toute une galerie d'interprètes ayant oeuvrés dans le genre au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, que ce soit le Michael Berryman emblématique de "La colline a des yeux" version Wes Craven ou encore Ken Foree échappé du "Zombie" de George A. Romero, sans oublier bien sûr Danny Trejo et Bill Moseley, incroyable dans son rôle d'assassin nécrophile grognon.
De plus, la mise en scène du réalisateur ne s'aventure plus dans des effets pas toujours maîtrisés comme dans "La maison aux 1000 morts" pour devenir ici plus posée et c'est avec efficacité qu'il s'octroie quelques cadrages audacieux et autres effets de caméra et de découpage de plans probants.
Les effets spéciaux sont réussis, certes discrets pour des plans sanglants ne recherchant jamais à être trop expansifs.
Donc, ce "The devil's rejects" s'avère être un excellent "trip" complètement immoral et violent, mais aussi malsain dans les sentiments contradictoires qu'il crée chez son spectateur !
|