Titre parmi les plus emblématiques de Jess Franco, cet "Exorcisme et messes noires" laisse une large place à un érotisme omniprésent dans un mélange des genres portant bien la marque de son réalisateur.
Le script met en scène un prêtre défroqué qui va tenter d'exorciser par la force un groupe de bourgeois se livrant à de fausses messes noires prétexte au défoulement de leurs pulsions sexuelles.
Dès sa première séquence, le métrage donne le ton en nous présentant un spectacle montrant deux jeunes femmes nues se livrant à un exercice de sado-masochisme exubérant au cours duquel un pigeon sera tué pour recueillir son sang que les demoiselles utiliseront pour se couvrir le corps avant que l'une d'entre elles ne soit tuée ( pour de faux ), satisfaisant ainsi un public bourgeois envoûté.
Puis le film nous présentera son personnage principal ( joué par Jess Franco lui-même ), un prêtre défroqué publiant des récits mêlant érotisme et religion dans une revue à scandales dirigée par des membres de cette pseudo- secte s'adonnant à ces messes noires de pacotille.
Lorsqu'il va découvrir l'existence de ces simulacres sataniques, notre homme va alors partir en croisade contre le Mal en exorcisant les participants selon des rites ancestraux et surtout mortels.
Mais même si cette intrigue permettra au réalisateur de fustiger aussi bien l'église que la bourgeoisie se livrant à des débauches sexuelles de groupe ( par ailleurs complaisamment montrées à l'écran pour une séquence flirtant gentiment avec le X ), ce sont surtout les multiples étreintes lascives, saphiques ou non, qui vont occuper la majeure partie de l'intrigue, puisque les différentes actrices vont passer le plus clair de leur temps à se dénuder aussi bien pour se livrer à des ébats amoureux que pour alimenter les plusieurs scènes de messes noires peuplant l'intrigue, et bien que celles-ci resteront bien kitsch, on ne pourra pas reprocher au réalisateur de ne pas se donner à fond dans un symbolisme exacerbé, et même lorsqu'il s'agira d'exorciser les quelques pécheresses, Jess franco s'empressera de dévêtir ses victimes féminines avant de les supplicier.
Donc, on l'aura bien compris, c'est l'érotisme qui prévaut sur les autres aspects de l'intrigue, même si l'auteur essaye de donner un peu de profondeur à son personnage principal avec cet amour impossible et fatal envers une des demoiselles ( interprétée au hasard par sa muse dans la vie, Lina Romay ) et s'il accommode l'ensemble d'un début d'enquête policière traité ironiquement.
Mais le métrage n'oubliera pas pour autant l'aspect horrifique le temps de mettre en avant quelques sévices infligés aux participantes des messes noires et surtout pour quelques gros plans sanglants lors des exorcismes commis par le prêtre, d'un impact très limité tant l'amateurisme des effets reste visible.
L'interprétation est aléatoire, dominée bien sûr par Jess Franco dont l'allure de pervers fera souvent mouche comparée à l'amateurisme des autres protagonistes, et sa mise en scène sera plutôt terne et morne, ne dynamisant jamais une action qui en aurait pourtant bien eu besoin, mais tout en utilisant des cadrages pertinents.
Donc, cet "Exorcisme et messes noires" ne parviendra certainement pas à réconcilier les détracteurs de Jess Franco avec ce réalisateur, mais les autres pourront quand même y trouver de bons côtés, notamment dans la volonté jusqu'au-boutiste de l'auteur !
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