Production atypique dans la paysage cinématographique français, ce "Ils", en flirtant constamment à la lisière du fantastique, nous offre un concentré d'angoisse et de suspense, malgré une intrigue minimaliste.
Le script suit les déboires d'un couple de jeune français établi en Roumanie face à de mystérieux assaillants ayant attaqué leur maison isolée en pleine nuit.
Après une séquence d'introduction déjà lourde en suspense et créant sans mal une tension palpable, le métrage nous présente ses deux personnages principaux, cette jeune professeur de français dans une école qui va bientôt retrouver son ami écrivain dans leur maison retirée, pour une mise en situation quelque peu embarrassante du fait de sa banalité ambiante, même si ce morceau de vie de ces deux protagonistes est présenté de façon intimiste, forçant le spectateur à éprouver un minimum de sympathie pour eux.
Mais lors de cette partie du métrage, l'ambiance sera quand même à l'attente, orientée par une intrigue avançant des développements propices à laisser planer une menace pour l'instant inexistante ( le chien ).
Et bien entendu, tout va rapidement dégénérer, avec d'abord un troublant appel téléphonique, puis un réveil mouvementé à cause de bruits venant du rez-de-chaussée de la maison, avant que la menace ne se précise et ne s'en prenne directement au couple affolé.
Ensuite, l'intrigue enchaînera des rebondissements à base de fuite et de course-poursuite entre le couple et les mystérieux agresseurs, propageant ainsi un suspense haletant, renforcé par un rythme très vif donné à l'ensemble par un découpage nerveux du film, toujours entretenu par le mystère planant autour de la nature des agresseurs, même au fur et à mesure des différentes situations, l'identité de ceux-ci sera progressivement mise à jour, démystifiant ainsi une partie de la tendance prise par l'ensemble pour nous révéler finalement lors d'un dernier acte surprenant une vérité bien glauque et sordide, accentuée par la chute nihiliste du final.
Alors bien sûr, l'intrigue en elle-même ne sera pas très étoffée, en se contentant de multiplier les séquences de fuite à travers cette demeure aux nombreux couloirs et autres escaliers bien pratique pour éventuellement dissimuler un agresseur, en reproduisant par la suite le même schéma dans la forêt et les égoûts, mais le métrage comportera également quelques effets de surprise réussis ( le trou de serrure notamment, qui prendra à contre-pied l'aspect prévisible classique de la scène pour mieux nous bluffer en assenant une surprise prouvant bien la violence des assaillants ), mais le rythme endiablé et toujours rebondissant empêchera le spectateur de trop s'arrêter sur la question.
Car en effet, la mise en scène des deux réalisateurs offre au métrage une dynamique hystérique et saccadée, pour suivre l'action quasiment en temps réel, impliquant ainsi le spectateur qui se met à "vivre" le film au côté des deux protagonistes tout en souffrant pour eux.
L'esthétisme du film joue aussi un rôle important dans la création d'une ambiance moite, sinistre et menaçante, avec des décors aussi bien inquiétants et lugubres dans la demeure que sinistres et sordides lors du dernier acte dans les égoûts, et l'éclairage de l'ensemble, parfois proche du noir et blanc, participe actiment à la création d'une atmosphère redoutable.
L'interprétation est persuasive, grâce aux deux acteurs pincipaux qui se donnent complètement à chaque séquence, faisant de la sorte ressortir la brutalité des situations.
Donc, ce "Ils" s'avère être une bonne surprise, captivante et haletante, ce qui est plutôt rare pour une production hexagonale et augure du meilleur pour la suite de la carrière de ses deux réalisateurs !
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