Oeuvre étrange et atypique, ce "Dark waters" privilégie l'esthétisme et la force symbolique des images pour nous conter son histoire de culte démoniaque secret blasphémant un couvent.
En effet, le script suit l'arrivée sur une île isolée et hors du temps d'une jeune femme venant s'enquérir de la réalité d'un couvent dont le père fraîchement décédé était le principal bienfaiteur pour rapidement se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond et qu'une menace de plus en plus précise pèse sur sa vie.
Après une séquence d'introduction déjà fortement symbolique qui verra un prètre mourir planté par un crucifix géant pendant l'inondation de sa chapelle et une nonne ayant recueilli une amulette représentant un démon se faire jeter en haut d'une falaise par une force inconnue, ainsi qu'une autre séquence se déroulant dans un couvent alternant une messe un peu spéciale au cours de laquelle des nonnes s'auto-flagellent avec la découverte de ce rituel par une demoiselle qui se fera bientôt assassiner à l'arme blanche, installant de la sorte d'entrée une atmosphère étrange et quelque peu glauque, le métrage nous présentera son personnage principal, une jeune femme pas spécialement à l'aise à bord de ce car, peuplé d'individus passablement arriérés et dégénérés, qui la mènera au port où elle devra chercher un bateau pour se rendre à sa destination, cette île sinistre balayée par le vent et fouettée par la pluie.
Après cette mise en situation lugubre et intrigante, l'intrigue installera son personnage principal dans ce couvent on ne peut plus rustique et celle-ci découvrira bien vite que son amie y résidant a disparu tandis que des nonnes transportent secrètement un cadavre dans les sous-sols et que d'autre secrets encore plus dangereux l'attendent lorsqu'une nonne cherchera à la tuer.
Ensuite, le métrage s'appuiera sur des rebondissements ésotériques et cauchemardesques ( avec des scènes oniriques terribles et efficaces, telle cette vieille bonne soeur grimaçante crucifiée et bavant du sang en hurlant ) pour entraîner son héroïne dans une quête de la vérité qui l'entraînera au plus profond de son passé jusqu'à la révélation finale grandiloquente et monstrueuse.
Au-delà de son intrigue globale déjà plutôt originale, le métrage avance également de nombreux éléments probants lui permettant facilement de construire un climat oppressant, tout en impressionnant régulièrement.
Bien sûr, le lieu dans lequel se passe le film aide déjà largement l'ensemble à être envoûtant, car en effet ce couvent vétuste constamment éclairé par d'innombrables bougies n'inspire pas la gaieté, surtout qu'il renfermera dans ses multiples sous-sols des détails sinistres ( ce peintre aveugle enfermé dans une fosse, par exemple ).
En choisissant de présenter comme personnages s'adonnant à un culte impie des nonnes, le réalisateur a bien entendu capté toute la symbolique que pouvait lui apporter un tel choix, et cela se traduira entre autres par des images magnifiques de ces personnages encapuchonnés transportant des croix en feu pour quelque sombre protocole.
Afin de parachever cet ensemble très visuel, persuasif et menaçant, les autres protagonistes offriront au métrage un aspect encore plus délétère et inquiétants entre cette mère supérieure incroyablement ridée et également aveugle ( dans une sorte d'hommage à Lucio Fulci et ses personnages aux "yeux blancs" de "L'au-delà" ? ), et les habitants de cette île aux coutumes macabres ( l'homme barbu et ce cadavre qu'il semble être en train de découper quand arrive l'héroïne ).
Alors bien sûr, on pourra reprocher au métrage ses ellipses et quelques invraisemblances notoires, mais on sent bien que l'auteur n'a pas mis en avant son intrigue par rapport aux plans et aux images qu'elle pouvait lui permettre d'avancer pour embarquer le spectateur dans ce tourbillon de folie parfois très graphique ( la plage recouverte de poissons morts, le meurtre d'un des nonnes au crâne éclaté contre le sol ), blasphématoire et morbide.
L'interprétation est juste mais sans véritable impact, notamment de la part de Louise Salter, peu expressive dans le rôle principal et la mise en scène du réalisateur est probante, en utilisant certains travellings de manière adéquate et efficace, tout en osant quelques plans originaux.
Les effets spéciaux sont globalement réussis, avec quelques plans sanglants simplistes mais effectifs, et seule la créature du final aurait mieux fait de rester dans l'ombre.
Donc, ce "Dark waters" méritera largement le détour, grâce à la symbolique forte de son univers ténébreux, même si son rythme en demi-teinte pourra déplaire à certains !
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