Pour son dernier film en date ( alors que sa "Nuit des horloges" est actuellement en cours de production ), notre compatriote Jean Rollin ne déroge pas à son univers fantasque si particulier privilégiant un esthétisme presque baroque.
Le script suit les aventures de deux hommes à la recherche du Comte Dracula et qui espère bien trouver son repaire en suivant sa future fiancée sur le point de le rejoindre.
Sans préambule, le métrage introduit ses deux personnages principaux, un vieil homme et son bras droit, attendant et épiant de nuit ce qui se passe dans un cimetière, pour rapidement voir débarquer un nain déguisé en bouffon bientôt rejoint par sa dulcinée, une jeune femme légèrement vêtue qui se révélera être un vampire. Ils sortiront de l'ombre pour sous la menace obtenir des renseignements sur le repaire de Dracula qu'ils veulent débusquer, et donc sur l'endroit où rencontrer un membre des "parallèles", des obscures individus démoniaques adorant le maître des vampires, le tout pour une séquence replongeant directement le spectateur dans l'univers improbable du réalisateur.
Et c'est vers une tour en ruines que les deux hommes seront dirigés, où ils rencontrent une jeune simplette leur débitant des âneries avant de leur indiquer sous hypnose un hôtel particulier où la "Reine de l'ombre", future fiancée de Dracula est gardée par des nonnes.
C'est donc là qu'ils se rendront pour y découvrir des bonnes soeurs complètement fêlées, jouant au bilboquet ou fumant des cigares ou la pipe qui leur fera rencontrer cette "Reine de l'ombre" qu'ils inviteront, toujours sous hypnose à les rejoindre pour lui permettre d'échapper à son funeste sort.
Ensuite, l'intrigue, sans grand souci de cohérence, avancera quelques situations toutes plus grandiloquentes les uns que les autres, qui nous montrons ici une cérémonie d'intronisation de la promise dans la cour d'un chateau au cours de laquelle trois nonnes seront sacrifiée, où là une ogresse démente se repaître d'un nouveau-né dans son couffin ( mais bien sûr sans être explicite ), avant que le dernier acte ne regroupe tous les différents protagonistes pour un final sur une île où Dracula apparaîtra pour venir chercher sa fiancée, le tout porté par une certaine poésie.
Si on retrouve dans le métrage les principaux traits des oeuvres de Jean Rollin, avec notamment un goût pour les décors gothiques et étranges et une théâtralisation évidente des séquences, le réalisateur dispensera tout au long du film un humour inhabituel et loufoque, en profitant des personnages des nonnes démentes pour amuser la galerie avec des détails résolument comiques ( l'allume-cigare de la Mère Supérieure ), voir même complètement déplacés ( l'entonnoir ) et grâce à des dialogues aussi surréalistes et extravagants que certains éléments d'une intrigue tarabiscotée ( la grande horloge, par exemple, dressée sur la plage de façon totalement déplacée ).
Par contre, l'érotisme sera ici bien moins présent qu'à l'accoutumée en se contentant de la sensualité affichée par les différents personnages féminins qui agiront régulièrement en tenue légère.
L'interprétation sera ici largement mitigée, avec une partie des interprètes donnant vraiment l'impression de réciter un texte sans émotion, certainement pas aidés il est vrai par des dialogues bourrés d'emphase, si bien que quasiment seule Brigitte Lahaie fera preuve d'un minimum de charisme dans un rôle hélas trop bref, et la mise en scène de Jean Rollin demeurera calme et posée, donnant à l'ensemble un rythme lent et éthéré.
Les quelques effets spéciaux seront bien simplistes pour plusieurs morsures sans grandes conséquentes et un coeur arraché, et seule la destruction finale d'un de vampires nécessitera un maquillage élaboré et presque réussi.
Donc, cette "fiancée de Dracula" aura de quoi satisfaire les inconditionnels du réalisateur tout en offrant au minimum aux autres quelques situations souriantes !
|