Le premier film des frères Coen débute comme un consciencieux hommage à James Cain et aux films des années 40 adaptés de ses romans tel Le facteur sonne toujours deux fois ou Assurance sur la mort. Cadrages léchés, atmosphère moite, bled de province perdu, cynismes des dialogues et de la voix off; un triangle amoureux malsain, un détective glauque transformé en tueur à gages...l'impression de déjà vu nous envahit à dessein. Puis, à mi-chemin, le film noir vire de bord pour devenir macabre et horrifique. Le titre original, emprunté à Dashiell Hammett, désigne l'hébétude du tueur qui vient d'accomplir son acte: les personnages de l'histoire, tour à tour, sont plongés dans cet état second que la mise en scène s'efforce de nous faire partager tout en conservant la distance du clin d'oeil. Cette distance est principalement exprimée par des mouvements de caméra, des choix d'angles et de lumières de plus en plus tarabiscotés. Grâce aux comédiens et à un sens certain du climat, on marche.
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