Malgré un manque d'originalité plutôt manifeste, ce "Jeu des damnés" parvient à séduire un minimum grâce à une intrigue captivante et grâce à des personnages fouillées et réalistes qui permettent l'implication du spectateur.
Le script suit les déboires de Jake, un jeune homme impliqué plus ou moins malgré lui dans un mystérieux jeu informatique d'inspiration satanique dont les répercussions dans la réalité vont avoir des conséquences dramatiques pour son entourage et pour lui-même.
La séquence d'introduction nous présente directement le personnage principal du métrage en pleine séance de chasse en forêt, avant de nous faire partager une de ses visions cauchemardesques, pour finalement qu'il ne vienne en voix-off nous décrire brièvement l'historique de ses rêves éveillés, pour une entame intrigant tout de suite le spectateur.
Ensuite, l'intrigue continuera de s'introduire dans le quotidien de Jake, entre la découverte de son ami étudiant comme lui mais quelque peu inquiétant et limite dans ses agissements et ses réactions, ses relations avec un père visiblement désabusé et un travail d'appoint dans une boutique d'informatique gangrené par un patron odieux, tout en laissant à nouveau plusieurs visions se mêler de manière assez percutante à l'ensemble pour ne pas laisser retomber le début de tension amorcé et en essayant avec un minimum de réussite de ne pas sombrer dans les clichés du "film de campus".
C'est sans grandiloquence que le jeu déclencheur des ennuis va s'intégrer à l'intrigue, de manière presque détachée pour commencer par amuser le spectateur qui pense alors pouvoir s'imaginer facilement les rebondissements à venir, lorsque qu'un coup de téléphone va proposer au personnage principal de le venger de son patron qui venait tout juste de le licencier.
Mais le déroulement du métrage prendra une tournure toute autre de celle pressentie du slasher surnaturel, et, tout en avançant de façon de plus en plus régulière et menaçante ces sinistres cauchemars prenant un aspect plus morbide et sanglant ( la langue ), des événements improbables vont commencer à venir aliéner la réalité de Jake ( la créature de la cave, le pistolet ), jusqu'à ce que ses amis, inscrits comme lui au jeu maléfique, commencent à commettre des actes mortels et suicidaires.
La recherche de la vérité entraînera Jake et une nouvelle amie rencontrée au déclenchement de l'action sur le terrain forcément glissant du satanisme jusqu'à la révélation du dernier acte, qui parviendra à faire son effet, malgré une mise en relation de coïncidences assez aléatoire, mais qui aboutira sur un final ouvert pessimiste à souhait.
Pour réussir à impliquer le spectateur, le métrage s'appuiera principalement sur son personnage central, rendu rapidement attachant dans un souci de réalisme limitant au maximum aussi bien l'humour potache que les stéréotypes, tout en avançant des seconds rôles tout aussi crédibles et amenant facilement à faire intervenir nos émotions ( la pitié ressentie pour la "petite amie" bien consciente de sa condition de fille facile, par exemple ), ce qui facilitera ensuite notre envie de l'accompagner dans sa quête de vérité, tout en prenant part à ses malheurs successifs à peine consolés par cette rencontre féminine bien charmante et très opportune.
Les différents développements proposés par l'intrigue, même s'ils n'iront pas immanquablement au fond des choses et resteront visuellement bien sages ( avec très peu de violence graphique et en laissant bien des sous-entendus en l'état, mais également en ne jouant pas outre mesure avec les symboles religieux ), se feront sur un rythme toujours rebondissant et alerte, sans jamais laisser l'intérêt retomber, malgré quelques situations presque inutiles et sous-exploitées ( le fabricant de jeux vidéos, par exemple ) et laisseront continuellement l'imagination du spectateur travailler pour essayer d'anticiper l'issue de l'histoire.
L'interprétation est ici convaincante, avec aucun surjouage néfaste et la mise en scène du réalisateur est limpide et dynamique mais très classique, notamment dans ses effets pour la visualisation des illusions de Jake.
Les quelques effets spéciaux présents dans le métrage seront plutôt probants, avec une créature démoniaque assez réussie et les rares maquillages sanglants resteront réalistes.
Donc, ce "Jeu des damnés" s'avérera être une plutôt bonne surprise, avec suffisamment d'atouts pour faire passer un agréable moment, même s'il ne laissera pas bien sûr un souvenir impérissable dans l'esprit de son spectateur !
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