C'est tout en s'appropriant de manière assez libre la fameuse légende sud-américaine de la "Pleureuse" ou "Llorona"( l'esprit d'une jeune femme obsédée par la mort de son enfant qui hante les nuits à la recherche de celui-ci tout en se lamentant ) que ces "Larmes de la malédiction" viennent nous conter l'histoire captivante de la fatalité accablant une jeune femme, dernière descendante de cette Llorona aux pouvoirs ici maléfiques.
En effet, le script suit l'arrivée d'une jeune femme et de son époux dans la demeure isolée de sa tante, suite à une invitation de celle-ci pour y découvrir que c'est dans un but précis qu'elle les a fait venir : redonner vie à une ancêtre démoniaque et ainsi obtenir ses pouvoirs et la vie éternelle.
Après une séquence d'introduction nous montrant justement cette "Pleureuse", à forme humaine mais au visage défiguré par des yeux proéminents et complètement noirs, regardant un criminel s'attaquant à des voyageurs s'étant aventurés dans la forêt en pleine nuit, avant de lâcher ses énormes chiens pour aider ce dernier dans son forfait, le métrage replace ces personnages dans leur manoir à l'atmosphère gothique pour y préparer la venue de la nièce de la maîtresse de maison, juste après que celle-ci ait été interrogé par des policiers enquêtant sur la mort des voyageurs, qui par ailleurs nous informeront sur les rumeurs entourant les lieux.
Ce n'est qu'après cette entame très volontaire que seront présentés les deux personnages principaux, ce couple attendu qui sera accueilli par le valet assassin hirsute et peu engageant pour une séquence d'arrivée d'inspiration gothique renvoyant directement aux classiques de Roger Corman pour la firme "A.I.P.", "La chute de la maison Usher" en tête.
L'installation du jeune couple dans la demeure sera bien entendu mouvementée, entre les reflets d'un miroir maléfique et ces cris sinistres venant du donjon, avant que la rencontre entre la nièce et sa tante n'ait lieu, pour que celle-ci lui conte l'étrange malédiction pesant sur leur famille et la nécessité de ramener à la vie la Llorona à l'instant précis des dix coups de minuit du jour de son vingt-cinquième anniversaire ( au hasard ce jour-là ! ), ce qui aura pour effet de faire tomber provisoirement le rythme jusque là vif du métrage, tout en relâchant légèrement l'intérêt du spectateur qui sera peu enthousiasmé par ces révélations quelque peu surfaites.
Mais ensuite l'intrigue reprendra son cours pour impliquer des rebondissements réguliers misant bien entendu sur l'attente de la décision de la nièce au moment fatidique, mais également sur un aspect horrifique représenté par le mari de la maîtresse de maison enfermé dans un cachot du donjon et quelques péripéties mêlant de manière pas spécialement harmonieuse le mari de la nièce à l'ensemble.
Mais ce sera lors de son final grandiose que le métrage gagnera en intensité et se montrera réellement impressionnant ( la cloche ) en avançant une longue séquence porteuse d'une tension palpable.
Le film, tout en jouant efficacement de son ambiance clairement gothique, dans ses décors extérieurs baignés de brume mais également avec l'intérieur de la demeure et notamment ce donjon s'exprimant fabuleusement lors du final, pourra s'appuyer sur ses éléments fantastiques empruntés ici ou là, avec par exemple ces personnages possédés n'ayant aucun reflet dans les miroirs et celle Llorona squelettique parvenant quand même à se faire comprendre, pour fasciner son spectateur tout en faisant preuve d'un certain graphisme brutal et méchant lors de scènes d'une violence surprenante ( le mari fouetté, mais surtout les attaques très précises des gros chiens ).
L'interprétation est convaincante, notamment Rosita Arenas parvenant aisément à faire figurer à l'écran les étapes de sa métamorphose psychologique et la mise en scène du réalisateur est dynamique, tout en se montrant audacieuse lors d'un flash-back retraçant l'histoire de la "Pleureuse" utilisant des images en négatif surprenantes.
Les quelques effets spéciaux présents dans le métrage resteront plutôt réussis pour l'époque, essentiellement composés de maquillages à peine visibles et très charismatiques ( les yeux noirs ).
Donc, ces "Larmes de la malédiction" afficheront une ambiance gothique parfaitement retranscrite, très proche des oeuvres de la première heure de Mario bava, impliquant pleinement son spectateur dans une intrigue captivante, rendant ainsi le métrage particulièrement envoûtant !
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