Paul Schrader signe sur un scénario d'Harold Pinter une réalisation fascinante. Secondé par de bons collaborateurs pour la photo, les décors, les costumes et la musique, cette dernière d'Angelo Badalamenti, il crée un univers visuel qui définit les rapports des personnages. Dans la magnifique cité de Venise, une destruction de plus en plus apparente: dans l'harmonie, la dégradation des sentiments; dans le plaisir, la douleur; dans le rêve, le cauchemar; dans le puritanisme, le péché. Que dans une banale conversation éclate un éclair de violence physique, l'effet est tel que la victime garde le silence. Mais la violence franchira un autre degré quand le jeune couple aura fait l'apprentissage du plaisir et passera de l'autre côté du miroir. Au centre du film, un récit d'enfance par le personnage central, l'ange noir vêtu de blanc, interprété par Christopher Walken, récit fascinant car énigmatique. Les acteurs sont dirigés avec une précision et une harmonie qui ne rendent que plus terrifiant l'univers qu'ils font exister.
|