Réalisé pour un budget ridicule par notre compatriote Emmanuel Itier exilé aux États-Unis, ce "Scarecrow" affichera très vite ses limites mais offrira quand même quelques instants assez jouissifs.
Le script suit la vengeance du souffre-douleur d'un collège qui, réincarné après sa mort dans le corps d'un épouvantail, va décimer tous ceux qui l'ont humilié de son vivant.
Après une séquence d'introduction nous offrant un clin d'oeil sanglant avant de mettre en scène trois jeunes squattant un champ de maïs pour fumer et se raconter une histoire horrifique qui servira d'intrigue au métrage, le métrage nous présente donc son personnage principal, un jeune homme chétif et désavantagé par la nature qui subit les brimades de son entourage, alors qu'il ne rêve que de poésie ( mais également parfois d'occire ses bourreaux ) et de dessins, pour une mise en situation de l'intrigue longuette se contentant d'aligner des stéréotypes du "film de campus", heureusement agrémenté de quelques instants comiques qui n'arriveront que difficilement à tempérer des scènes de dialogue fastidieuses et de multiples clichés pénibles ( la séquence se déroulant dans une soirée festive bien pourrie ).
Mais lorsque notre jeune homme va découvrir que la seule personne qui semble le comprendre, une demoiselle un peu rebelle, flirte avec un de ses ennemis, il va prendre la mouche et essayer de se rebeller contre le nouvel amant de sa mère alcoolique, amenant celui-ci à le poursuivre jusque dans un champ de maïs pour lui mettre une dérouillée mortelle sous un épouvantail avant de maquiller son crime en suicide.
Peu de temps après, des crimes ensanglantent la ville, commis par cet épouvantail qui sera bien entendu la réincarnation malveillante et vengeresse du défunt, entraînant le métrage dans une série de séquences joyeusement gore ( mais sans outrance ) qui permettront au Scarecrow de s'affirmer comme un petit challenger de Freddy Krueger dans les "bons mots" foireux balancés gaiement en massacrant ses anciens tortionnaires, tout en s'avérant être un virtuose de parades dignes des meilleurs ninjas, provoquant ainsi une hilarité communicative.
Et ce seront bien les séquences avançant ce croque-mitaine au graphisme très visuel et réussi qui capteront l'attention du spectateur, aussi bien par la mise en scène de meurtres parfois originaux ( l'épi de maïs enfoncé dans l'oreille ) et toujours volontaires ( le meurtre de la prof ou celui du fossoyeur, par exemples ) que par leur aspect régulièrement comique et référentiel, alors que le reste du métrage, proposant une bien terne enquête policière et ne présentant que d'autres personnages sans saveur ( à l'exception du fermier, un ( volontaire ? ) sosie de Stephen King ), aura bien du mal à se montrer intéressant, malgré d'autres traits d'humour tentés par le réalisateur ( la réaction des deux gamins après la découverte d'un cadavre ), également présents lors d'un épilogue souriant mais couru d'avance.
Hélas, l'étroitesse du budget alloué au film se fera quand même régulièrement et cruellement sentir, tant au niveau des décors minimalistes ( ce qui sera particulièrement flagrant lors des scènes se déroulant dans un fast-food improbable ) que de l'interprétation bien souvent approximative où seule Tiffany Shepis, une des égéries de la "Troma", parviendra à tirer son épingle du jeu, alors que la mise en scène du réalisateur restera bien fade et éteinte, plombant ainsi le rythme déjà déficient du film et donc seuls les effets spéciaux auront apparemment nécessité un minimum d'attention en étant la plupart du temps probants, dans la visualisation du Scarecrow mais également lors de plans sanglants plutôt crédibles.
Donc, ce "Scarecrow" s'avérera être une petite ringardise parfois rébarbative mais sauvée du marasme par sa générosité et sa bonne humeur !
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