Voici un premier film d'une grande subtilité, une oeuvre au ton feutré, presque froid, pour cacher l'émotion souterraine qui l'habite. Histoire de trois solitudes, le récit se développe autour d'un homme qui s'attache à une femme prisonnière de son passé et qui est aimé en silence par une autre femme qui ne parvient pas à déclarer sa passion dévorante, totalement bloquée dans sa position de spectatrice silencieuse. Enfermé chacun dans des aspirations impossibles à satisfaire, les trois personnages sont incapables de s'ouvrir à l'autre et de franchir le pas qui peut faire éclater les non dits et émerger les vrais sentiments. La spectatrice révèle un cinéaste introverti aux antipodes de l'idée que l'on se fait du cinéma italien. La spectatrice c'est Barbora Bobulova. Son visage aux traits fins, son regard profond, sa présence naturelle donnent au film une qualité d'émotion sans pathos.
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