C'est en plein "âge d'or" du cinéma-bis italien que Sergio Martino a réalisé ce "Continent des hommes-poissons" dans lequel il malaxe harmonieusement les différents thèmes chers à cette époque particulière de l'histoire du cinéma italien, à la fois délicieusement kitsch, souriante et volontaire.
Le script débarque quelques rescapés d'un naufrage sur une île des Caraïbes, où ils vont rencontrer son propriétaire dictatorial qui règnent sur les indigènes tout en obligeant de mystérieuses créatures amphibies à aller recueillir pour lui le trésor de l'Atlantide.
Après une première séquence nous montrant les quelques rescapés du naufrage d'une goélette française transportant des bagnards naviguant entre deux eaux dans leur barque de fortune, la métrage va lancer son action en lançant une première attaque de ces hommes par des monstres marins vite aperçus ayant quelques ressemblances au niveau physique avec l'homme, avant que les survivants n'atteignent une île volcanique apparement déserte et inhospitalière ( l'eau contaminée ), pour une entame donnant tout de suite le ton du film.
Après plusieurs rebondissements que l'on pourra facilement rattacher au "film de jungle" et un nouveau crime imputable à un de ces hommes-poissons, l'intrigue va enfin mettre en scène les habitants de cette île, des indigènes asservis et obéissant à leur maître, un homme austère et froid qui ne verra pas forcément d'un bon oeil l'arrivée de ces trois hommes, surtout celle d'un lieutenant médecin au physique avantageux susceptible de plaire à celle qu'il fait passer pour son épouse, tandis qu'à chaque de leurs apparitions, nous découvrirons un peu plus ces mystérieuses créatures se montrant dociles avec la jeune habitante de l'île, avant que la vérité ne nous soit révélée lors d'une séquence plastiquement très réussie au cours de laquelle nous apprendrons que sous l'île se tiennent les vestiges de l'Atlantide et que ces hommes-poissons servent au maître des lieux pour récupérer les trésors enfouis sous la mer en échange d'une potion nécessaire à leur survie. Mais cette soit-disante vérité tenue de la bouche du despote sera vite contrariée par les découvertes du lieutenant jusqu'à alimenter un final porteur de nombreux rebondissements jouissifs et spectaculaires.
Tout en reprenant une intrigue directement héritée de "L'île du docteur Moreau", Sergio Martino a truffé son métrage de référence directe aux différents thèmes du cinéma-bis de l'époque, et ainsi nous retrouverons rapidement nos héros dans une jungle hostile avec les inévitables animaux agressifs et des pièges tendus par des indigènes ( même si ceux-ci préfèrent le vaudou au cannibalisme d'usage ), alors que plus loin ce seront les bas instincts humains , souvent évoqués dans le genre, qui reprendront les dessus lorsqu'un des bagnards tentera de violer une demoiselle avant d'être mortellement interrompu par une des créatures et lors d'instant présentant un certain sadisme, mais le métrage se dotera également d'un savant fou expérimentant ses expériences sur l'homme pour essayer de créer une nouvelle race surpuissante et capable de vivre sur et sous l'eau.
Mais bien entendu, ce seront les hommes-poissons qui seront les vraies vedettes du film en avançant un look terriblement kitsch mais en même temps volontaire et très graphique et elles bénéficieront en plus d'un temps de présence à l'écran assez important, notamment lors de la seconde moitié du film où elle n'hésiteront pas par exemple à se battre en nombre avec des indigènes.
L'interprétation est cohérente et permet à l'ex James Bond Girl Barbara Bach de mettre en avant sa plastique lors de séquences "mouillées" et la mise en scène du réalisateur est dynamique mais sans fioriture.
Les effets spéciaux sont bien sûr mitigés, en présentant des créatures quand même largement douteuses et à l'animation faciale limitée, alors que certaines maquettes restent particulièrement crédibles.
Alors bien sûr, un tel film aura surtout aujourd'hui de quoi faire sourire, mais c'est également avec une certaine nostalgie que l'on se replonge dans cette période révolue du cinéma italien qui nous livre ici un de ses fleurons largement représentatifs !
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