C'est en détournant complètement les règles du genre et en bluffant délicieusement son spectateur que ce "The Hamiltons" vient nous livrer une histoire captivante, à l'ambiance parfois bien glauque et pleine de sous-entendus ambigus.
Le script nous plonge dans l'univers de cette famille composée de trois frères et de leur soeur qui, après la mort de leurs parents, vivent seuls, tout en s'adonnant régulièrement à des exactions violentes.
Après une séquence d'introduction déjà stressante et annonçant d'entrée l'atmosphère malsaine entourant le métrage, celui-ci entreprend de nous présenter ses personnages principaux et leur histoire, au travers des états d'âme du plus jeune frère mal dans sa peau, contrarié par les reproches de David, l'aîné qui fait quasiment office de père, et brimé par son autre frère, Wendell et sa soeur jumelle Darlene, avant que l'intrigue ne prenne rapidement une tournure malsaine et nous faisant assister à l'enlèvement puis à la séquestration dans la cave familiale de deux demoiselles par Wendell, pour une séquence glauque marchant délibérément sur les traces de classiques tels que le "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper.
Mais ensuite, l'ensemble tournera plutôt autour des relations étranges et parfois envenimées qui unissent les quatre membres de cette famille très spéciale qui essayent quand même tant bien que mal de se fondre dans leur voisinage, mais dont les bizarreries ressortent régulièrement, amenant ainsi des scènes inquiétantes et sournoises ( le jeu du "Quitte ou double", par exemple ), sans pour autant que l'aspect graphique ne soit complètement laissé de côté, mais les deux réalisateurs n'ont vraisemblablement pas voulu verser dans le gore direct.
En plaçant sa vision des situations au travers de celle du plus jeune frère de cette famille, qui semble bien différent, ne se livrant à aucune violence et essayant même d'apaiser dans la mesure de son possible les souffrances des deux jeunes femmes séquestrées, le film en profite également pour nous livrer une réflexion sur la difficile traversée de l'adolescence, faite de rejet et d'incompréhension, même si ici, on pourra aisément se placer du côté de ce personnage attachant, même lorsqu'il manie cette petite caméra vidéo qui vient sporadiquement déborder sur l'intrigue avec ses images.
Le métrage illustrera harmonieusement et sans temps morts ses différents thèmes, en alternant des passages glauques dans la cave avec des situations plus souriantes et pleine de sous-entendus sur les moeurs sexuels déviants et incestueux de cette famille, tout en maintenant une certaine tension permanente devant l'imprévisibilité des réactions des personnages ( l'agression brutale de Kitty ) et en laissant plusieurs interrogations trotter dans l'esprit du spectateur ( principalement la nature de la chose enfermée dans une cage dans la cave )et ce jusqu'au dernier acte inattendu et venant faire dévier malicieusement l'intrigue de sa trajectoire d'origine en intégrant un autre thème du genre.
L'interprétation est convaincante, les principaux personnages évoluant avec un naturel tout à fait satisfaisant, alors que la mise en scène du réalisateur est dynamique et vive, tout en utilisant à bon escient ses effets visuels.
Les quelques effets spéciaux, notamment de maquillages sanglants, sont probants, mais ne seront jamais expansifs.
Donc, ce "The Hamiltons" s'avérera être une surprise fort sympathique et atypique, surtout à la vue du peu de moyens financiers alloué à sa réalisation !
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