C'est en privilégiant largement son ambiance tendue et malsaine que ce "Unhinged" vient apporter une contribution originale et différente au "slasher", notamment grâce à une intrigue intelligente, à défaut d'être réellement consistante.
Le script place, à la suite d'un accident d'automobile alors qu'elles se rendaient à un concert, trois demoiselles dans le manoir isolé d'une famille déchue composée uniquement de la mère et de sa fille lui obéissant au doigt et à l'oeil, alors que quelqu'un semble les épier de l'extérieur, puis de l'intérieur même de la demeure.
Après une courte et basique présentation du personnage principal, une jeune femme se préparant à aller à un concert rock et devant subir les recommandations et les vagues remontrances par téléphone de sa mère, le métrage suit donc ces trois demoiselles sur la route, pour une séquence stressante en impliquant déjà la notion de menace au travers des cadrages et surtout grâce à une partition musicale étrange et parfaitement adaptée qui se terminera par un accident envoyant leur voiture au fossé.
Ensuite, l'intrigue suivra le réveil des héroïnes dans un manoir à l'aspect gothique prononcé, où elles ont été amené afin d'être soigné et de se reposer, pour en découvrir l'isolement loin de toute civilisation et du moindre téléphone, et surtout les bien étranges occupants des lieux.
En effet, ce sera au cours d'un repas glauque malgré son apparence raffinée que les hôtes appréhenderont le comportement pour le moins bizarre de cette vieille fille complètement asservie à sa mère handicapée se déplaçant en fauteuil roulant et devant subie les sous-entendus scabreux de cette dernière, quand elle ne se fait pas tout simplement insulter. Mais alors que la soirée se prolonge autour d'un piano, une mystérieuse ombre épie les faits et gestes des personnages, avant qu'une des jeunes femmes ne soit réveillée par un souffle rauque sorti de nulle part.
Le lendemain, une des filles partira à travers bois et à ses risques et périls à la recherche du village pour chercher une dépanneuse et prévenir leurs parents, tandis que les deux autres resteront sur place à attendre.
A défaut de mettre en place une véritable action, le métrage installera instantanément une ambiance menaçante qui fera monter une tension s'intensifiant à chaque découverte et où le moindre fait nouveau aura pour conséquence d'augmenter la sensation de péril pressenti et identifiée par cette ombre scrutant constamment les personnages au travers d'une fenêtre ou encore de trous percés dans les murs, alors que les deux femmes occupant la demeure ne seront pas spécialement rassurantes, avec cette obsession et ce dégoût des hommes de la mère lié à une sordide histoire et que le premier meurtre viendra aisément relancer le climat d'insécurité régnant autour des demoiselles semblant bien déplacées dans cet univers quelque peu hors du temps.
Alors bien sûr, en privilégiant de la sorte l'ambiance, le métrage y perd en action, celle-ci restant quasiment confinée dans ces lieux pour des redites flagrantes ( les scènes de repas notamment ) et de nombreuses séquences de dialogue heureusement toujours captivantes par les délires nauséabonds de la mère et les explications d'une fille au sort bien triste.
Ainsi donc, les meurtres se feront rares et ne seront jamais vraiment graphiques, mais sèchement amenés, sauf lors d'un final assez méchant à défaut de nous en montrer beaucoup, qui mettra en lumière une réalité bluffante.
Pour alimenter son atmosphère malsaine, le réalisateur utilisera avec plus ou moins de bonheur un certain nombre d'artifices le plus souvent convaincants ( sauf ces vues nocturnes de l'extérieur du manoir et ces éclairs à répétition ), que ce soit une caméra subjective révélatrice du danger encouru ou encore des bruitages inquiétants.
Heureusement, le réalisateur s'est également débarrassé des stéréotypes inhérents au genre en demeurant sérieux pour avancer ces protagonistes, puisqu'en dehors de la mise en situation, les adolescentes ne se montreront pour une fois ni potache, ni crétines.
Par contre, l'interprétation n'est guère reluisante et flirte même parfois avec l'amateurisme.
La mise en scène du réalisateur participe pleinement à l'élaboration de la tension dans laquelle le film baigne, grâce à l'emploi de la caméra subjective, mais aussi en utilisant avec parcimonie quelques effets d'optique probants lors du final.
Les quelques effets spéciaux sont assez réussis mais bien vite expédiés, toujours sauf lors du dernier acte vaguement plus généreux.
Donc, ce "Unhinged" mérite d'être découvert, même si sa réputation due à son appartenance aux "Video Nasties" anglaise pourra sembler quelque peu déplacée !
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