Avec ce "Spasmo", le réalisateur italien Umberto Lenzi nous livre une oeuvre hybride, oscillant entre le film policier psychologique et le giallo, tout en menant parfaitement son spectateur par le "bout du nez".
Le script suit les déboires d'un homme, mêlé malgré lui à un assassinat qui va, avec une jeune femme fraîchement rencontrée, chercher à faire toute la lumière sur cette affaire, à ses risques et périls.
Après une courte séquence d'introduction nous montrant un jeune couple découvrant un mannequin pendu, en présence d'un mystérieux individu qui ne tardera pas à s'enfuir, installant ainsi d'entrée une atmosphère inquiétante et quelque peu malsaine, le métrage va nous présenter son personnage principal, Christian, un homme découvrant sur une plage avec une amie à lui une jeune femme inerte et étendue sur la sable qui une fois réanimée, s'éclipsera sans demander son reste. Mais rapidement, notre homme va retrouver cette personne et se laisser séduire, jusqu'à aller avec elle dans sa chambre d'hôtel, espionné par un autre personnage aux intentions manifestement funestes qui s'avéreront justifiées lorsque celui-ci s'attaquera à Christian et à l'issue d'une lutte violente, obligera ce dernier à tuer d'un coup de feu l'intrus.
Ensuite, l'intrigue suivra la fuite du personnage principal et de sa nouvelle conquête féminine, rendue étrange par des éléments inexplicables ( la disparition du cadavre, par exemple ), amenant aussi bien le spectateur que ce Christian à se poser des questions sur la santé mentale de ce dernier et surtout sur la véracité des faits exposés auparavant, et ce au gré des rencontres improbables faites par les deux protagonistes, avant que les événements ne prennent leur véritable signification dans la seconde partie du métrage jusqu'à nous faire découvrir une terrible réalité faisant basculer quelque peu le film dans l'univers du giallo, même si on ne retrouvera pas ici les éléments classiques de ce type de cinéma puisque aucun tueur ganté et vêtu de noir ne viendra assaillir de jeunes femmes et l'érotisme sera quasiment absent du film.
Ce qui a véritablement intéressé Umberto Lenzi dans ce "Spasmo", ce sont ses personnages et leur psychologie, notamment celle de son personnage principal embarqué malgré lui dans une histoire compliquée où chaque nouveau protagoniste semblera cacher quelque chose et faire partie d'une machination dont les tentants et les aboutissants resteront bien longtemps mystérieux, attisant de la sorte naturellement la curiosité du spectateur tout en laissant s'installer une tension progressive, partiellement alimentée par ces visions presque onirique de ces mannequins placés dans des postures terriblement macabres ou sordides.
Car en effet, les interrogations suscitées par l'entame du film seront plus que nombreuses et viendront continuellement nous titiller l'esprit, entre le vrai rôle joué par la jeune femme accompagnant Christian, le motif de cette machination et son but, l'identité de ce mystérieux personnage s'acharnant sur ces mannequins, sans oublier d'autres questions annexes découlant de chaque nouvelle situation dans achèveront d'entraîner le spectateur dans une spirale infernale jusqu'au dénouement âpre et désagréable mais devenu inexorable.
L'interprétation est convaincante, même si Robert Hoffman n'affiche pas de manière toujours probante ses émotions et la mise en scène d'Umberto Lenzi est efficace, en avançant ce style particulier du cinéma italien de l'époque et en utilisant ses effets de façon pertinente.
Finalement très peu porté sur la violence graphique, le métrage n'emploiera que de brefs et très rares effets spéciaux de maquillage discrets.
Donc, ce "Spasmo" restera une oeuvre atypique mais extrêmement prenante et palpitante qui fait largement honneur à son réalisateur si régulièrement décrié !
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