Une voix off, une musique, un mouvement de caméra, et nous voilà plongé dans au coeur du Monde des Abîmes, dont la porte était jusque là gardé par le Faune.
El Laberinto del Fauno (titre original du Labyrinthe de Pan) est le sixième film du mexicain Guillermo Del Toro. Une preuve définitive, si besoin était, du talent démentiel de ce créateur de monde, conteur virtuose spécialisé dans le film de monstres.
Et de monstres, il en est fortement question dans ce nouveau chef-d'oeuvre : créatures mythologiques ou monstres humains, tous sont à l'honneur de ce drame émouvant et triste, d'une beauté hallucinante.
Continuant sur la lancée de ses deux précédents films, le conte de fantômes L'Échine du Diable et le film-comics Hellboy, Del Toro mêle avec une maîtrise imparable réflexion sur le Mal (et sa représentation humaine la plus identifiable, le fascisme) et déclaration d'amour aux freaks de toutes sortes.
Dans L'Échine du Diable, le fantôme se révélait un personnage positif et annexe à l'histoire, le véritable "monstre" étant le personnage interprété par Eduardo Noriega (Ouvre les yeux). De la même façon, le capitaine Vidal, interprété par Sergi Lopez, se révèle rapidement le véritable méchant du film, peut-être la plus terrifiante incarnation du Mal rencontrée dans un film dit fantastique.
L'histoire est celle du petite fille qui, pour échapper aux horreurs du monde réel (le fascisme de Franco), s'imagine contactée par un Faune mystérieux. Celui-ci, gardien d'un secret immémorial, lui annonce qu'elle est une princesse. Trois épreuves l'attendent, dont dépendra le cours de sa vie. Elle va dès lors croiser sur sa route quelques fées malicieuses, un crapaud géant dégueulasse et un Homme-Pâle terrifiant, incarnation de la perversion.
Toute la filmographie du cinéaste est traversée d'une seule et même interrogation : quel choix doit-on effectuer pour soi même? La petite Ofelia, point de repère des spectateurs, sera vite confrontée à cette question, et de là en découlera toute la thématique du film : lorsque le réel ne nous convient pas, faut-il choisir l'imaginaire? Si oui, sera-t-on assez fort pour affronter un retour à la réalité, forcément brutal?
Hanté par ses personnages, sublimé par des visions sorties du plus brillant des cerveaux, Le Labyrinthe de Pan est une boîte de Pandore qui ne demande qu'à être ouverte. Une telle maturité chez un cinéaste ne peut qu'augurer du meilleur. Et Hellboy 2 : The Golden Army, bientôt en tournage, de s'annoncer comme le film de tous les défis.
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