Après son très intéressant "L'écorché", le réalisateur Sheldon Wilson nous revient avec ce "Kaw" certes plus classique dans sa manifestation d'une agression animale évoquant inévitablement par moments "Les oiseaux" d'Alfred Hitchcock, mais tout en restant efficace et prenant.
Le script suit les déboires des habitants d'une petite ville brusquement agressés par une multitude de corbeaux affamés.
Le métrage lance directement son action en nous faisant suivre une première agression d'un vieil agriculteur par ces corbeaux, rapidement suivie d'une seconde, certes fois-ci non mortelle pour sa victime, tandis que l'intrigue nous présente en même temps ses personnages et surtout le shérif de cette petite bourgade isolée qui pour son dernier jour en poste va avoir bien du travail.
Le schéma global du film restera classique, avec plusieurs attaques, notamment celle d'un personnage que personne ne croira vu son passé d'alcoolique, tandis que les différents protagonistes s'arrangent pour devenir suffisamment attachants ( ce que le réalisateur parviendra très bien à faire, surtout en les rendant très "naturels" et loin de tout stéréotype ) pour que le spectateur en arrive à redouter ce qui pourrait bien leur arriver, alors que les responsables de la mutation des oiseaux commencent à se faire connaître, avant bien sûr que les volatiles ne lancent un assaut frontal alimentant le suspense du film qui lorgnera vers un huit-clos dans un café encerclé par les corbeaux.
Mais Sheldon Wilson maîtrise parfaitement son sujet et arrive sans aucun mal à rendre ses séquences angoissantes, stressantes, tout en ne faisant jouer l'effet de surprise qu'avec parcimonie, ce qui rendra ces subterfuges d'autant plus efficaces.
En effet, les séquences d'attaque des oiseaux laisseront le temps à une certaine pression de monter avant de se lancer véritablement, nous laissant ainsi le loisir d'observer ces corbeaux bien intelligents ( n'iront-ils pas jusqu'à se servir de pierres pour fracasser les vitres d'un bus ? ) et rendus inquiétants à chacune de leurs constantes apparitions, faisant de la sorte redouter à chaque instant une agression.
Alors bien sûr, il sera difficile de ne pas penser au film d'Alfred Hitchcock régulièrement, aussi bien dans la construction de certaines séquences que par le sujet évidemment proche, mais le réalisateur aura pris soin de réactualiser son intrigue, notamment au niveau de l'origine de l'agressivité des volatiles touchant ici un sujet brûlant tout en fustigeant l'obscurantisme religieux d'une certaine communauté américaine, mais cela n'empêchera pas l'ensemble de céder parfois à des péripéties quand même trop faciles ( la panne du bus, par exemple ) et ne brillant pas par leur originalité.
L'intrigue ne s'accordera que très peu de temps morts pour se tourner essentiellement vers l'action et le suspense, en renouvelant constamment ses situations de façon efficace, parvenant donc aisément à garder l'attention du spectateur et à maintenir une tension réelle.
L'interprétation est cohérente, sans réel charisme à l'écran mais toujours dans l'optique de mettre en avant des personnages crédibles et ordinaires, sans oublier dans un second rôle "clin d'oeil" Rod Taylor qui avait déjà donné la réplique à Tippi Hedren dans le film d'Alfred Hitchcock, alors que la mise en scène de Sheldon Wilson participe activement à générer le suspense en employant des effets de caméra subjective efficaces et des cadrages originaux, tout en donnant du rythme à l'ensemble.
Les effets spéciaux du film sont globalement réussis, car si les volatiles numériques venant épauler les vrais oiseaux demeurent parfois reconnaissables, les plans sanglants sont effectifs sans toutefois sombrer dans la surenchère.
Donc, ce "Kaw", malgré son classicisme évident, arrive à impliquer son spectateur et à l'entraîner dans son intrigue palpitante !
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