CRITIQUE DVD

Bruno Dumont est un érudit. Tout le monde vous le dira, critique et public s’accordant sur le sujet. Un grand penseur qui a déjà à maintes reprises démontré la grande efficacité d’une scène de viol ou de sodomie pour rehausser un parcours narratif mou et soporifique. Avec Flandres, son dernier film, le cinéaste n’a pas changé son fusil d’épaule, et c’est encore dans les quelques scènes violentes ou sexuelles qui traversent son film que l’on parvient à ne pas sombrer dans les plus profondes abîmes de la somnolence. Le récit, niais, est celui d’une jeune femme qui passe sa journée à se doigter, et qui s’emmerde méchamment en attendant son bourru de voisin parti à la guerre après l’avoir baisée machinalement en dix secondes montre en main ; comme si cette humble trame n’était pas assez mince et grossière, Dumont a pris soin de spontanément la rogner à coup d’ellipses laconiques, qui font du cheminement de son entreprise un parcours nanti d’une grande stupidité, doublée d’une obscurité totale quant à ses intentions, et, plus précisément, aux enjeux qu’il a voulu soulever en abordant un thème aussi universel que celui de la guerre. En contrepartie, il nous gratifie d’extraordinaires plans sur des champs ou autres outils agricoles, ainsi que d’une première partie de 30 minutes durant laquelle le personnage principal a tout juste le temps de s’accouder à une barrière et de ramasser trois pierres. Ennuyeuse, la mise en scène l’est toute autant, repoussant constamment les limites autorisées de l’épure maximale : pas de musique, redondance de plans fixes, aucun effet particulier… Ce qui en soit n’est pas forcément une mauvaise idée, sauf quand le tout est associé à un montage terriblement apathique, faisant de la moindre petite anecdote un combat de dix minutes. Au milieu de cet océan de vide, les acteurs (tous amateurs, pas d’illusion possible) surnagent en débitant leur script d’une pauvreté sans égal et s’affrontent dans un langage tellement indigent qu’il serait malaisé de parler de l’inintérêt que son utilisation provoque. Passons sur l’absence totale d’informations explicites concernant le positionnement historique et géographique du film, qui a fait la force de bien d’autres films avant lui (Elephant, entre autres). Alors, après un tel bain d’humanisme maniéré et très sûr de sa valeur, il est temps de redevenir humain : Flandres n’a absolument rien à dire, pas plus qu’il n’a quelque chose à montrer. Un brassage de vide (et de bouse) inutile. Grand Prix à Cannes.

Pas mal de fourmillements dans l’image, définition par moment assez catastrophique. Un peu mieux côté étalonnage des couleurs. La faute de ces défauts au choix de l’éditeur (certes peu renommé !) d’apposer le film sur un simple DVD 5.

Piste claire et nette, et pour cause : aucune musique à gérer, ni effet sonore en particulier.

· COMMENTAIRE AUDIO (VF) :
Bruno Dumont parle avec franchise et precision de son travail sur ce film, faisant étroitement le lien entre ses precedents oeuvres et ce nouveau Flandres, Grand Prix du jury à Cannes.

· L’HOMME DES FLANDRES (45’, VF) :
Documentaire sur le tournage, long et très bien fourni en images du plateau. Je regrette personnellement le ton glacial qui règne sur ce making-of par ailleurs très documenté ; dans la plus simple continuation du film, rigide et statutaire.

· BRUNO DUMONT, PORTRAIT D’UN ARTISTE EN TROIS MOUVEMENTS (34’, VF) :
Bon retour sur la carrière de Dumont, via une interview de ce dernier, parcouru d’extraits de ses précédents films et d’une analyse sur son travail et les récurrentes à son cinéma. Encore une fois, il faut aimer le cinéaste pour savourer à sa juste valeur le travail éditorial tout sauf évident de l’éditeur, qui propose deux vrais documentaires avec son film.

· BANDE-ANNONCE (1’, VF) :
Notons que pour être plus vendeur, le distributeur a choisi d’illustrer la bande-annonce de Flandres via des musiques et des effets de style pour le moins incongrus, quand on connaît les véritables enjeux de l’œuvre. A prendre avec des pincettes, donc.

Aventi fait l'effort de gratifier les acheteurs de son édition d'un coffret en digipack à deux volets (un disque sur chacun), entouré d'un fourreau. L'attention, louable, est un peu atténuée par les graves lacunes graphiques de l'objet ; polices énormes et grossières, décorations qui sentent le cheap à plein nez, coloris ternes... En revanche, côté finition, l'objet en soi est tout à fait correct.

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