Horizons perdus :
Avec Horizons perdus, Frank Capra réalise en 1937 un film une nouvelle fois très engagé sur le plan politique. Mais le ton est différent de ses autres oeuvres. Ici, on nous montre un petit groupe de britanniques qui fuient la Chine (menace des troupes japonaises) en avion. L'avion s'écrase dans les montagnes tibétaines. Là, le groupe de 5 personnes (4 hommes et une femme) est recueilli par des autchotones. C'est alors à ce moment que l'on voit que le film est très différent des autres oeuvres de Capra. Dans Horizons perdus, Capra montre une société idéale, quasiment utopique où les notions de profit, de jalousie, de haine, n'ont pas cours. Le film est très réflexif et évoque finalement en corollaire ce que devrait être notre société. Le film montre également une belle histoire d'amour entre le personnage de Robert Conway, diplomate qui est l'instigateur de la fuite en avion de la Chine, et d'une femme qui vit dans cet endroit étrange qu'est Shangri-la (notons au passage les très beaux décors qui ont été créés pour l'occasion). Sans nul doute, Capra montre avec cette société idéale un paradis perdu. L'amertume du réalisateur américain en 1937 est d'autant plus importante qu'il faut la resituer dans son contexte. On se situe deux ans avant le début de la tragédie de la seconde guerre mondiale. Capra s'est donc montré visionnaire dans l'état des lieux de notre société.
Note du film : 9/10
Mr Smith au Sénat :
Avec Mr Smith au Sénat, Frank Capra réalise la version politique de son excellent film L'extravagant Mr Deeds. Comme souvent, Capra prend comme héros un personnage simple et un peu naïf, mais surtout très humaniste. Car Capra se sert de Jefferson Smith, qui est intronisé au Sénat américain (de manière fort peu démocratique d'ailleurs), pour montrer que les politiques cherchent avant tout à gagner de l'argent (pots-de-vin) et qu'ils sont à la solde d'industriels très puissants, comme celui qui possède quasiment tous les journaux. Capra montre que Jefferson Smith est un homme droit, qui croit en certaines valeurs et qu'il veut avant tout le bien-être de son peuple. Capra fustige les politiques dans leur ensemble. Le point de vue du réalisateur sur le monde qui l'entoure est beaucoup plus noir que d'habitude. Jefferson Smith a beau se battre contre des politiques véreux, il est bien isolé et son combat semble vain. On a fortement l'impression dans ce film que Capra est quelque peu désabusé. Seule la fin laisse un message d'espoir. On appréciera une fois de plus la présence de Jean Arthur, qui représente une journaliste qui prend fait et cause pour Jefferson Smith. Un film tout bonnement énorme de Frank Capra.
Note du film : 10/10
New York Miami :
Avec New York Miami, Frank Capra livre une pure comédie romantique. Pour cela, il bénéficie de la présence des excellents Clark Gable, qui joue le rôle de Peter Warner, un journaliste pauvre mais honnête et au grand coeur et de Claudette Colbert, qui joue le rôle d'une fille de millionnaire assez hautaine. Comme à son habitude, Capra brocarde les riches qui méprisent les « petits ». Il en profite également pour se moquer d'une presse versatile, à la recherche du sensationnel avant celle de la vérité. Surtout, Capra livre une comédie romantique qui, si elle n'est pas très originale (on devine assez rapidement l'issue du film), est cependant très drôle (les acteurs s'en donnent à coeur joie) et elle laisse la part belle à plusieurs scènes d'émotion. Voilà un film où Capra, une nouvelle fois, montre que l'amour et l'honnêteté sont des notions fondamentales qui peuvent changer le cours des choses. Un optimisme peut être un peu béas mais qui fait du bien par les temps qui courrent.
Note du film : 8/10
L'extravagant Mr Deeds :
A partir d'un scénario finalement assez simple (un personnage simple et un peu naïf hérite d'une fortune), Frank Capra dresse un film politique particulièrement intéressant. En effet, Mr Deeds (joué par un excellent Gary Cooper), qui voit sa vie bouleversée du jour au lendemain par l'héritage qu'il récupère (et la façon dont il devra l'utiliser), sert à Capra de révélateur. Mr Deeds, un être peut-être un peu limité mais finalement avant tout un être simple et plein de bon sens permet au spectateur de voir que la société américaine de cette époque (fin des années 20) vacille de toutes parts : les avocats sont verreux et ne cherchent que le profit ; les journalistes sont friands d'événements sensationnels ; les banquiers cherchent à s'enrichir toujours plus; etc. Pourtant, dans une société où le libéralisme, le capitalisme, semble être devenu le maître mot (le pouvoir et l'argent étant des enjeux majeurs), il demeure des gens qui sont prêts à secourir ceux qui ont vraiment besoin d'aide. Mr Deeds fait partie de ces gens honnêtes prêts à aider les pauvres. Le héros de Capra est en outre un être profondément romantique, comme le montre sa belle histoire d'amour. Enfin, à la fin du film, Capra semble s'être fait plaisir en dénonçant avec force la bêtise de certains lors d'une audience de tribunal d'abord risible puis particulièrement émouvante. Dans la veine de La vie est belle, L'extravagant Mr Deeds est un film très optimiste et surtout très humaniste. Un beau film comme malheureusement on n'en voit plus de nos jours.
Note du film : 10/10
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