CRITIQUE DVD

Gus Van Sant, salué dans les festivals du monde entier pour les expérimentations de ses précédents films, dont le sombre Gerry, devenu culte, a signé en 2003 avec Elephant son film le plus controversé, divisant la critique de façon notoire. Certains lui ont reproché son impartialité, puisque le film ne donne aucune réponse aux atroces évènements de Columbine, quand d'autres furent fascinés par la mise en scène incroyable et l'aspect artistique phénoménal de l'œuvre. Les deux partis ont raison, seulement le défaut évoqué plus haut est également la plus grande qualité de cette tranche de vie lycéenne, dont l'immense poésie et l'étrangeté reposent justement sur cette ambiguïté narrative qui refuse de poser un regard critique (et donc un peu trop facile) sur les évènements énoncés. Abstraite, l'œuvre est filmée avec une rigueur et, paradoxalement, un détachement qui tiennent du choc esthétique et cérébral. Et comme l'écrivait Télérama lors de la sortie du film, il y a quelque chose de divin dans le regard posé par Gus Vant Sant : déstructuration totale de la construction espace/temps (scènes en temps réel, répétées sous des points de vue différents, etc), longs travellings vaporeux suivant les protagonistes de dos tel un quelconque ange gardien, flous ultra-artistiques des images... La mise en scène donne à cet évènement glacial d'étranges airs de cauchemar éveillé, que l'étonnante mise en valeur du son (et accessoirement des mélodies de Mozart, splendides et parfaitement inattendues) ne fait que renforcer dans son impact flottant et aérien. Pourtant, tout cela n'empêche pas le film d'être d'une fluidité sidérante, liquidité qui touche encore une fois à l'irréel et à la pure magnificience. Bien-sûr, la sécheresse avec laquelle est filmée la tuerie pourrait détruire ce que le film aura mis une heure à construire ; au lieu de ça, elle ne vient que renforcer l'impression de départ, puisqu'à aucun moment Gus Van Sant ne se départit de son sens du lyrisme et du surréalisme. Claustré dans un bâtiment rendu labyrinthique et angoissant, Elephant se veut la vision d'un artiste, qui bâtit à partir d'un fait divers macabre un film conceptuel, délicat et inspiré, un chef d'œuvre qui fend le cœur pour mieux interroger sur son véritable enjeu.

Etrange format que ce 1.33 résolument baroque. Couleurs, formes et musiques sont fondues dans un délire de flous, de travellings vaporeux et d’égrainage sonore.

La légereté des ambiances, ainsi que l'apposition par endroits de mélodies classiques étrangement lointaines appuient l'atmosphère cauchemardesque et onirique de ce conte moderne effrayant.

/// BANDES-ANNONCES (6’, VOST)
Spots courts et réussis, qui mettent en scène chacun un personnage différent.

/// PALME D’OR (2’, VF)
Extrait de la cérémonie durant lequel Gus Van Sant reçoit la Palme d’or, après celle du meilleur réalisateur et le prix de l’éducation nationale. Il s’étonne de repartir avec autant de prix, alors qu’il n’avait jusqu’alors même pas été autorisé à présenter l’un de ses films en comptétion.

/// ‘ELEPHANT’ DE ALAN CLARKE (38’, VOST)
Le moyen métrage originel qui a inspiré à Gus Van Sant les idées de mise en scène de son propre Elephant. D’une rigueur formelle éprouvante, sans aucun dialogue, il montre des scènes de meurtre dépourvues de cohérence et de sens, sous des angles déstructurés d’un point de vue temporel.

/// DE ELEPHANT A ELEPHANT (10’, VF)
Serge Kaganski, spécialiste, présente les deux Elephant et en décrit la construction, les similitudes et les différences. Un zoom qui permet de mieux comprendre les enjeux des deux films.

/// RENCONTRE AVEC GUS VAN SANT (15’, VOST)
Interviewé dans son loft aux USA, le réalisateur se donne sans retenue mais sans euphorie particulière pour autant. Il revient sur le massacre de Columbine, et sur ce qui l’aura poussé à en parler via un film aussi controversé.

/// SUR LE TOURNAGE (12’, VOST)
Sans véritable point de vue, un document qui montre l’ambiance dans le lycée où a été tourné le film, plutôt décontractée, comme celle d’une véritable cour de récré. Ces quelques minutes se terminent sur Gus Van Sant avançant dans le montage du film, qu’il a choisi d’effectuer tout seul, sur un simple ordinateur.

/// EN CLASSE AVEC ELEPHANT (11’, VF)
Document pédagogique montrant les réactions d’une classe de 1ère après une projection du film. Les remarques ne volent pas bien haut, sauf du côté de Dany Wolf, producteur du film, qui parle avec franchise aux élèves et leur explique comment ils auront réussi à décrocher le chef opérateur de Spielberg.

/// LIVRET PEDAGOGIQUE DES INROCKUPTIBLES DE 12 PAGES.

Etrange coffret à dominante nacrée, qui doit son élégance à son singulier dépouillement.
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