Avec son synopsis on ne peut plus classique et rebattu, l'apparition au générique de six belles jeunes femmes plantureuses juste là où il faut et la présence aux commandes de Neil Marshall, réalisateur du débilitant Dog Soldiers, la partie n'était pas forcément gagnée d'avance avec ce deuxième film. Pourtant, autant l'affirmer de suite, rarement film 'd'horreur' aura été aussi effrayant et impressionnant depuis bien des années. Déjà, parce que le scénario ne s'appuie pas paresseusement sur les ficelles habituelles des films du genre, et ne sombre pas dans le gore à outrance, avec notamment une première partie étouffante dont l'angoisse se base uniquement sur les terreurs psychologiques de ses protagonistes (et des spectateurs, évidemment), que sont la peur du noir, du vide, la claustrophobie... Dès lors, la peur se déploie à notre insu, sans la moindre apparition d'hémoglobine, et ne nous lâchera plus, vicieuse et malsaine ; le réalisateur se montre particulièrement habile à ce petit jeu qui consiste à distraire le regard du spectateur, en ne montrant rien mais en sachant pertinemment que c'en est d'autant plus fascinant. Ensuite, parce que les 95 minutes du film sont d'une réussite visuelle éclatante : tout à l'écran est splendide, rendant l'intrusion sournoise de la peur d'autant plus efficace. Le travail sur le son, stupéfiant, est l'œuvre d'un orfèvre : centrage du son en mono dans un boyau étroit, ouverture totale en 5.1 lors des scènes plus exposées... Et puis, (et surtout) parce que dans sa deuxième partie, The Descent est tout simplement sidérant, terrifiant de bout en bout, et d'autant plus impressionnant qu'il parvient même à appuyer une tension hallucinante sans continuer pour autant à simplement suggérer son épouvante. Jamais des créatures n'ont été aussi horribles (et pas seulement flippantes de par leurs apparitions) et, par dessus tout, réalistes et plausibles ; c'est bien simple, leur vision, même sans effet de surprise, est le déclencheur d'une panique incontrôlable. De plus, aucun effet inutile ne vient polluer le récit, rendant la vision du film quasi insoutenable : pas ou peu de musique, aucun mouvement de caméra indiquant ce qu'il est sur le point d'advenir : le résultat est que l'on se trouve totalement pris au dépourvu, croyant connaître toutes les ficelles, alors que le contraire nous est prouvé à chaque apparition monstrueuse ou autre retournement, littéralement tétanisants ! Enfin, la profondeur psychologique confondante développée pour chacun des personnages (campés par des actrices révélation d'un réalisme impressionnant) renvoie définitivement The Descent au panthéon des chefs-d'œuvre, d'autant qu'aucune trace de bons sentiments, pas même le final, particulièrement pervers, ne vient gripper un mécanisme qui vous happera du début à la fin. Une expérience psychologique unique et insupportable, bouleversante et traumatisante, un choc cinématographique exceptionnellement rare qu'il serait impardonnable de manquer.
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