Produit par "Eurociné" ( déjà tout un programme ! ) et mettant en scène Paul Naschy, surtout connu pour avoir incarné le loup-garou dans le cinéma de genre des années soixante-dix, ce "Crimson, l'homme à la tête coupée" reste un fleuron du cinéma-bis fauché et débridé, mais surtout comique pour qui apprécie ce genre de films.
Le script suit les déboires de quelques malfrats qui, après un casse raté, se voient poursuivis par la police et lors d'un échange de coups de feu, leur chef se prend une balle en pleine tête. Pour le sauver, il vont devoir compter sur un spécialiste de la chirurgie neurologique qui, sous la contrainte, va les aider en greffant une partie de cervelle d'un désaxé sexuel sur le blessé, le transformant ainsi à son tour en pervers.
Le métrage lance directement son action en nous présentant ses personnages principaux en plein cambriolage d'une bijouterie, et surtout de son coffre-fort, que la stupidité et la convoitise d'un des membres du commando va faire raté, entraînant une fuite à travers la ville puis la campagne où ils vont tomber sur un barrage policier et lors de la fusillade s'ensuivant, leur chef va être blessé à la tête par une balle perdue, ce qui ne les empêchera pas de pouvoir se réfugier dans leur repaire.
Cette entame du film restera bien ancrée dans le style des films policiers de l'époque, tout en nous dressant le portrait de personnages stéréotypés dans leur caractère rustre, avant que l'intrigue ne prenne une tournure plus comique lorsque le blaireau de la bande va aller chercher en renfort un médecin alcoolique en enchaînant des situations saugrenues ( l'eau du vase pour essayer de réveiller le toubib, par exemple ), avant d'essayer de retrouver un minimum de sérieux pour la présentation de ce professeur et chirurgien spécialiste du cerveau, mais handicapé des mains suite à un accident ( quelle ironie du sort ! ) qui va prendre en charge sous la menace le blessé et imposer une greffe partielle du cerveau comme seule solution envisageable.
Les bandits auront alors l'idée d'aller chercher la tête de leur pire ennemi, "Le sadique", comme "donneur" de cervelle, pour une opération qui certes réussira, mais déclenchera bien entendu la fureur des amis de ce "sadique", alors que le blessé commencera à avoir des pulsions sexuelles de plus en plus régulières et irrésistibles.
Hélas, cette version "soft" du film se concentrera essentiellement sur les rebondissements liés au la petite guerre que vont se livrer les deux clans de gangsters, en reléguant les pulsions du greffé au second plan, le temps de quelques rapides situations très vaguement érotiques mettant en scène un Paul Naschy pas vraiment inspiré, pour alimenter l'intrigue d'événements classiques mais parfois aussi bien délirants ( la méthode employée pour décapiter le cadavre du "sadique" ), donnant à l'ensemble un rythme constant tout en l'agrémentant d'un humour sporadique souriant qui semblera bien souvent volontaire ( même si...) et d'un soupçon de sadisme ( les brûlures de cigarette ) tranchant avec le ton global plus léger du film.
En plus de leurs caractères bien typés, les différents personnages agiront de manière très volontaires, tout en véhiculant également un humour très "second degré" et auront du coup une certaine prestance à l'écran, même si l'interprétation ne sera que partiellement convaincante.
La mise en scène du réalisateur Juan Fortuny, déjà en partie coupable du mémorable "Orloff Et l'homme invisible", est ici plutôt probante, avec certains angles de prise de vue intéressants et originaux ( les opérations ) mais laissera quand même planer un vague relent d'amateurisme sur l'ensemble.
Les quelques effets spéciaux resteront simplistes et approximatifs, mais de toutes façons, ils seront très brièvement aperçus.
Donc, ce "Crimson, l'homme à la tête coupée" aura largement de quoi amuser l'amateur de cinéma-bis, mais risquera largement de laisser de marbre ses autres spectateurs !
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