Réalisé en 1959 en seulement 5 jours par le pape de la série B Roger Corman, Un baquet de sang est une très sympathique comédie noire. Le film présente le simple d’esprit Walter (interprété par l’un des acteurs fétiches de Corman, Dick Miller), serveur dans un bar et rêvant d’être un artiste afin d’être reconnu et surtout aimé par la femme qu’il aime, Carla, habituée de ce bar. Motivé à fond par la bande de pseudo-artistes constamment présent dans le bar, permettant à Corman de se livrer à une critique savoureuse de la culture beatnik, le pauvre Walter se voit pousser des ailes. Après avoir accidentellement tué un chat dans un mur, hommage à la célèbre nouvelle d’Edgar Poe Le chat noir, Walter le recouvre d’argile et trouve sa voie d’artiste ! Et c’est le début de l’enfer, Walter s’enfonçant de plus en plus dans le meurtre et la folie pour créer ses « sculptures ».
Persécuté, éternel looser, victime des superficiels beatniks, on sent la sympathie que Corman éprouve pour son personnage principal. Et Dick Miller interprète de manière convaincante et nuancée Walter. Personnage tragique, Walter n’agit que par amour, cet amour qu’il a recherché toute sa vie et qui ne vient pas.
La mise en scène de Corman cerne au plus près Walter et se permet quelques touches d’humour noir fort bienvenues, n’empêchant pas le film de se diriger vers le drame inéluctable. Si le suspense est certes convenu, Un baquet de sang n’est jamais ennuyeux et se laisse agréablement regarder jusqu’au bout.
C’est un film pour amateurs des séries B d’antan, qui peuvent se laisser séduire par le charme de l’ensemble.
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