Avec ce "Fargo", les frères Cohen nous livre un thriller délicieusement ironique, à l'intrigue subtile et captivante.
Le script présente la plan machiavélique d'un vendeur de voitures endetté qui, pour se renflouer, va orchestrer l'enlèvement de sa femme par deux malfrats, dans le but d'obtenir de son riche beau-père le paiement d'un rançon. Mais bien évidemment, son plan va lamentablement et tragiquement capoter.
D'entrée, le métrage nous présente son personnage principal, Jerry, se rendant dans un bar mettre au point l'enlèvement de son épouse avec deux truands, pour des raisons qu'il tentera d'esquisser malgré les demandes de ses interlocuteurs, pour une entame du film qui mettra tout de suite le spectateur en condition en avançant un humour discret misant avant tout sur les traits des différents protagonistes.
Ensuite, l'intrigue s'appliquera à nous permettre de mieux connaître l'instigateur de cet enlèvement, que nous suivrons dans son quotidien morne, entre son travail qui semble présenté de manière ironique et son épouse accompagnée de son fils à l'adolescence quelque peu rebelle, mais surtout son beau-père aussi envahissant qu'affichant un air supérieur irritant, tout en mettant bien en avant, mais de manière pleines de sous-entendus, les difficultés financières de Jerry malgré ses efforts vains pour s'en sortir, avant de mettre en scène l'enlèvement proprement dit qui lancera véritablement l'intrigue, surtout que les deux truands vont devoir au cours de leur voyage de retour supprimer un policier inquisiteur et deux témoins gênants, déclenchant ainsi l'enquête d'une femme policière dont la persévérance va finir par payer, au cours de la seconde partie du métrage, qui enchaînera les rebondissements et les retournements de situations de façon régulières et imprévisible, rendant ainsi le métrage complètement captivant et saisissante, jusqu'au final en bain de sang, définitivement tragique et impitoyable pour ses personnages.
Au delà de son intrigue linéaire mais intelligente et sachant parfaitement manipuler le spectateur qui va rapidement se prendre au jeu en essayant de deviner quand et comment le plan apparemment parfait du personnage principal va partir en vrille, les frères Cohen se sont amusés à nous dresser une galerie de personnages impayables, bizarres ( le voyou presque muet ) ou amusant de bêtise, mais toujours traités de manière ironique en avançant de façon cinglante leurs faiblesses ( avarice, timidité embarrassante ) ou en jouant divinement sur leur apparente apathie ( la femme policier qui finira malgré son attitude très tranquille par boucler l'affaire ) pour nous livrer des séquences admirables de finesse dans l'exposition d'un humour porté aussi bien sur les situations que sur ces protagonistes "spéciaux", aussi bien dans les développements de la ligne directrice du métrage que dans diverses sous-intrigues ou détails amusants, qui n'empêcheront pas pour autant l'ensemble d'aboutir sur un constat sérieux et sans appel sur la nature humaine, entretenu par quelques fulgurances d'une violence frontale et directe.
La mise en scène de Joel Cohen est épatante dans sa façon d'impliquer le spectateur, tout en nous livrant des plans originaux grâce à certains angles de prise de vue différents.
L'interprétation est également un véritable régal, entre William H. Macy qui livre une prestation parfaite dans le rôle du vendeur de voiture timide et étouffé par son beau-père et Frances Mc Donald excellente dans son interprétation de la femme policière placide et décalée, alors que même les seconds rôles se verront attribuer un intérêt particulier de la part du réalisateur.
Donc, ce "Fargo" s'avérera être un véritable bijou d'humour noir irrésistible et démontrant bien une fois de plus l'indéniable talent de frères Cohen !
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