Parmi les oeuvres ayant profité du regain d'intérêt pour les histoires de fantômes après le succès de la trilogie "Ring" et autres "The grudge", ce "Ju-rei, la malédiction" a le mérite de présenter une originalité formelle intéressante mais également gênante pour venir nous délivrer une intrigue hélas trop basique pour effrayer son spectateur et donc ne parvenant ainsi que trop rarement à atteindre son but.
Le script suit la malédiction frappant une famille dont tout les membres vont périr, victime d'une ombre spectrale.
D'entrée, le métrage surprend, car, survenant juste après un générique d'une sobriété totale, on nous annonce un "chapitre dix", qui va mettre en scène quatre demoiselles dansant de nuit en peine rue, avant que l'une d'entre elles ne soit victime d'une ombre fantomatique aperçue dans une vitrine de magasin, avant que le film ne décline ses autres chapitres, à l'envers pour ainsi remonter dans le temps et nous faire découvrir sous forme de petits sketches n'ayant qu'un seul rapport entre eux, l'histoire de cette famille qui va subir l'assaut de ce "Ju-rei" vindicatif et meurtrier.
Outre le fait que cet artifice périlleux de présenter le métrage avec une chronologie inversée aura pour effet immédiat de désarçonner le spectateur qui va tout d'abord chercher à comprendre le sens de tout cela ( et notamment les liens entre les différents personnages ), avant de tenter de s'impliquer dans l'intrigue, il va de la sorte empêcher clairement les "premiers" chapitres de fonctionner pleinement et gâchera ainsi de manière irrévocable les apparitions spectrales pourtant presque bien amenées malgré des effets relativement prévisibles.
Mais au fur et à mesure que l'on avance ( ou que l'on recule, c'est selon... ) dans le métrage et que ses différents éléments vont commencer à se mettre en place, permettant au spectateur de rentrer enfin complètement dans l'histoire, le film va devenir un peu plus prenant et offrira même quelques plans très réussis d'apparitions de ce fantôme au teint cireux prenant de multiples formes pour frapper de manière programmée pour s'enchaîner inexorablement, même si la pseudo révélation finale aura bien du mal à se montrer éloquente et il faudra encore compter sur les effets visuels impeccables pour espérer frissonner quelque peu.
En effet, en choisissant de découper son film sous la forme de chapitres ressemblant à de petits sketches horrifiques offrant plusieurs variantes sur le thème du fantôme, le réalisateur va ainsi directement à l'essentiel, préparant rapidement un contexte pour balancer une scène offrant la possibilité au spectre de se manifester de différentes façons selon les segments, avec plus ou moins de bonheur, même si une petite partie de ces apparitions seront probantes ( celle désarticulée dans le cinéma restera la plus convaincante ).
Autre effet pervers de cette visualisation de l'intrigue à l'envers, le spectateur n'arrivera pas à éprouver le moindre sentiment pour ces personnages dont nous n'aurons finalement que le temps de suivre leurs mésaventures avec ce spectre, réduisant ainsi considérablement les effets escomptés, surtout que ceux-ci laisseront également une impression de "déjà-vu" récurrente.
L'interprétation est ici terne et sans aucun charisme à l'écran ( et n'est guère aidée par un doublage français piteux ! ), alors que la mise en scène du réalisateur manque d'imagination dans l'agencement des plans et devra se raccrocher à quelques idées visuelles pour se montrer vaguement efficace.
Les effets spéciaux, exclusivement concentrés dans la visualisation des apparitions spectrales et les maquillages blafards des fantômes, seront heureusement réussis et auront donc parfois un léger impact.
Donc, ce "Ju-rei, la malédiction" ratera quand même le coche pour ne nous offrir qu'un spectacle sans réelle passion ni investissement de la part de son spectateur !
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