Dernier film de l’immense cinéaste français Robert Bresson réalisé en 1983, L’argent est un chef d’œuvre. Encore un…
Tiré d’un récit de Tolstoï, L’argent refuse tout romanesque pour se concentrer sur l’essentiel : la propagation et la contamination du mal. Ce film de Bresson est peut-être le plus sec, le moins aimable que le cinéaste ait donné. Car il n’y a pas de grâce divine, pas de rédemption au bout du chemin, rien que l’argent qui règle tous les comportements humains et qui impose sa loi. Cet argent est omniprésent, il est à la messe, à la prison, etc… Il se trouve dans les recoins de chaque plan. Le faux billet de 500 francs, qui passe dès le début du film de mains en mains, échoie finalement entre les mains du héros du film, le modeste et pur Yvon, qui va se retrouver entraîné dans une suite d’évènements sur lesquels il n’aura plus de prise. Inéluctablement, le destin d’Yvon est en marche. Face à une société corrompue, injuste et inégalitaire, contaminée de toute part par l’argent, Yvon tente de résister à la contamination de l’argent, donc du mal. Mais dans ce film froid, d’une extrême rigueur, il n’y a pas d’échappatoire. La révolte d’Yvon face à l’injustice explosera dans une extraordinaire scène finale, où notre héros assassinera dans un acte absurde froidement une vieille femme qui lui avait pourtant déjà pardonné, avant l’acte meurtrier. L’argent corrompt tout et transforme les hommes en monstres, ces hommes qui peuvent être nous. Dans ce monde, seuls des êtres corrompus peuvent donc survivre. Le mal se propage entre les portes, il est indicible et sommeille en chacun de nous, entraînant l’humanité à sa perte. Yvon en fera tragiquement les frais dans ce film implacable qui lui ôte même le fait qu’il puisse être touché par la grâce.
L’ultime chef d’œuvre de Bresson fait l’effet d’un électrochoc. Malgré son côté sombre et désespéré, il est à voir absolument.
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