Ce coffret de 2 DVD contient deux films du prolifique cinéaste d’exploitation espagnol Jess Franco, adaptés du célèbre Marquis de Sade.
Eugénie de Sade :
Tiré de la nouvelle du marquis de Sade intitulée Eugénie de Franval et réalisé en 1970, Eugénie de Sade est assurément l’un des meilleurs films de Jess Franco.
Retranscrivant la trame du roman à l’époque contemporaine, Franco décrit de manière assez fouillée la relation trouble mâtinée d’inceste qui s’établit entre un homme (brillamment interprété par Paul Muller, un des acteurs fétiches de Franco) et sa fille Eugénie (la sublime Soledad Miranda, muse de Franco à l’époque, que l’on a pu voir dans les incroyables Vampyros lesbos, She killed in ecsatsy ou encore The devil came from Akasava). Le caractère pervers du père entraîne sa fille dans une spirale meurtrière qsui ne peut s’arrêter. Troublant et sadique, Eugénie de Sade baigne dans une atmosphère évanescente et ambiguë, à la limite de l’onirisme et qui pourrait représenter l’univers mental d’Eugénie.
Illuminé par la présence extrêmement sensuelle de Soledad Miranda, Eugénie de Sade est imprégné d’un érotisme étrange et omniprésent (mélange de sexe et de mort) typique de Franco, qui explose dans les liens qui unissent Eugénie à son père.
Rythmé par le score somptueux de Bruno Nicolai, le film est une étonnante curiosité, qui démontre le talent de Franco pour les ambiances érotiques troubles.
C’est assurément une des œuvres les plus réussies et les plus atmosphériques du cinéaste espagnol, qui prouve que Franco est capable de faire preuve de finesse et de subtilité et qu’il n’est pas toujours le bisseux pour lequel ceux qui ne connaissent pas son œuvre essaient de le faire passer.
8,5/10
Justine de Sade :
Réalisé en 1968, Jess Franco obtient le plus gros budget de sa carrière pour son adaptation de la célèbre Justine du Marquis de Sade.
Filmé dans un majestueux cinémascope et rythmé par une belle bande-son signée Bruno Nicolai, Justine de Sade suit assez fidèlement la trame du roman de l’écrivain, bien que Franco ait été obligé d’édulcorer cetains passages trop hard.
Interprété par la jeune et jolie Romina Power (fille du célèbre acteur Tyrone Power) dans le rôle de Justine mais aussi par Jack Palance, Maria Rohm ou encore Klaus Kinski (dans le rôle du marquis de Sade), Justine est une réussite sympathique de Franco qui prend un malin plaisir à suivre l’humiliation permanente de la vertu de son héroïne, tout en intercalant des scènes où on peut voir le marquis de Sade (Kinski) déambulant dans sa cellule et écrivant le roman).
Riche en péripéties, tout comme le roman, Justine se suit sans ennui, d’autant plus que Franco a plutôt soigné sa mise en scène qui bénéficie d’un cachet esthétique assez travaillé.
Il en résulte un sympathique film d’aventure, bien rythmé, un brin pervers en raison de l’humiliation constante de l’héroïne, qui ne cesse de tomber de piège en piège, sa célèbre vertu étant perpétuellement bafouée. Bien que le côté érotique soit très présent, Franco s’intéresse surtout à son histoire et évite la multiplication hasardeuse de scènes érotiques gratuites (ce qu’il ne fera plus par la suite !).
En outre, Franco nous gratifie au passage d’une interprétation assez hallucinante de l’acteur américain Jack Palance dans le rôle d’un prêtre libidineux fort peu recommandable.
7/10
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