CRITIQUE DVD

Forte d’un succès (populaire comme critique) confortable, la folie baroque imaginée par J.K. Rowling continue sa razzia cinématographique avec ce cinquième volet, très attendu par les fans comme l’un des ouvrages les plus sombres et psychologiques de l’épopée du légendaire magicien à lunettes.

Episode clé de la saga, où nombre de nouveaux desseins se profilent dans l’ombre d’une intrigue un poil plus paresseuse que d’ordinaire, ‘L’ordre du Phénix’, le livre, surprenait lors de sa parution avec son lot de mystères naissants, doublés d’une atmosphère paranoïaque et cafardeuse. Comme on pouvait logiquement s’y attendre, l’adaptation cinoche perd en route les trois quarts de ces enjeux dramatiques, le scénariste l’ayant sévèrement rogné et egoutté, révelant un squelette finalement pas si mince que ça, mais qui risque de laisser sur le carreau tout spectateur ne possédant pas l’intégrale de Poudlard dans sa table de chevet. Cauchemars et visions d’horreur sont, dans l’adaptation du nouveau-venu David Yates (qui n’a pas eu la tache facile avec l’énorme pavé dont il tire son film), réduits à peau de chagrin au profit d’un récit plus linéaire et convenu.

Ce manque d’approfondissement, qui laisse l’étrange impression d’assister à une succession de scènes sans liant apparent, est d’autant plus regrettable que tout commence très bien, avec une superbe scène d’ouverture en plein périphérique Londonien, très contemporaine, installant les bases d’un ton résolument moderne qui se prolongera tout au long des 130 minutes du film. La mise en scène, sans génie, préserve toutefois un rythme, une élégance et un réalisme totalement nouveaux dans une saga où l’esbroufe graphique et le tape-à-l’œil semblaient jusqu’alors être les maîtres-mots. Ce classicisme formel donne une nouvelle dimension à Harry Potter, rendant notamment toute leur puissance aux effets spéciaux, remarquables parce que rares, et par ailleurs comme toujours très maîtrisés.

Yates n’oublie pas non plus l’essentiel : gratifier ses spectateurs de scènes attendues avec respect et maestria, dont le fameux affrontement final en plein cœur d’un ministère de la magie déserté, d’une robustesse dramatique tout bonnement exceptionnelle. Il dirige également d’une manière parfaitement inattendue les nouveaux-venus côté acting, dont la génialissime Helena Bonham Carter, inventive jusqu’à une grimace par plan ! Sa performance hilarante permet, parmi tant d’autres, au film de prendre le large, de larguer les amarres qui le reliaient à un matériau d’origine bien évidemment beaucoup trop dense et importable à l’écran. C’est drôle, puis triste, puis sombre, pétaradant, enfin, si bien qu’on peine à cerner le film pour ce qu’il est : trop sombre, pas assez ? Le sentiment est inconfortable, mais révèle peut-être finalement la grande force de ce Harry Potter et l’Ordre du Phénix ; insaisissable, polymorphe, voilà peut-être une œuvre moins lisse qu’elle y paraît au premier abord.

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Image absolument parfaite en tous points, proposée dans un cinémascope classieux dont les teintes majoritairement sombres n'altèrent en rien une compression inégalable.

Sans réelle surprise, Warner propose cinq pistes sonores en 5.1, dont les plus intéressantes restent bien sûr la version originale et celle doublée en Français. Cependant, les versions flamandes, italiennes et allemandes bénéficient du même soin technique que les deux pistes précédemment citées.

Après quelques spots promotionnels pour les jeux vidéos dérivés du film, le disque de bonus s'ouvre sur un élégant menu animé au contenu décevant.

// Une galerie de scènes inédites (11') ouvre le pas. La plupart sont dignes d'intérêt et amusantes, à l'image de la version longue du banquet de début d'année, avec le Professeur Trelawney en star ! Attention louable, l'éditeur a même pensé à doubler en français (et autres langues) ces scènes pour les plus petits. Préférez bien-sûr cependant la VO sous-titrée.

// "Les secrets cachés de Harry Potter" (44') représente le plus gros morceau (en terme de durée) de cette édition. Et c'est bien dommage, tant son contenu est inutile et fastidieux. La mécanique est pompeuse : une foule de questions sans réponse sont posées à la suite, sur fond de musique solennelle ; tout paraîtra bien fade pour qui a lu les bouquins, et même pour les autres. A fuir !

// La visite du plateau avec Tonks (19') met en lumière l'actrice du personnage pré-cité, et permet de découvrir l'envers du décor le temps d'une brève promenade en sa compagnie. Dommage que la demoiselle fasse preuve de si peu de naturel dans ses interventions.

// "Harry Potter, la magie du montage" (5') est un sujet qui, comme son nom l'indique, s'intéresse au montage et au rythme à adopter du film. Il s'avère une fois de plus très superficiel et anodin, tant et si bien qu'il ne nous apprend rien. A la suite du document vidéo, une palette de mixage permet à l'acheteur de moduler le montage d'une scène en variant les associations sonores ou musicales... Le moins qu'on puisse dire est que le résultat est d'une rare bêtise.

// Enfin, une section DVD-Rom aggrémentée de vidéos des coulisses non sous-titrées et très promotionnelles complète la donne. Ces vidéos s'accompagnent de l'habituel arsenal interactif (cartes à imprimer, chronologie de Poudlard, liens internet, etc)

Effort notable de la Warner, qui, si elle ne change pas sa politique du bon vieil amaray glissé dans un fourreau, prend tout de même la peine de hisser le fameux fourreau à un niveau supérieur aux précédents volets de la saga, avec un graphisme on ne peut plus soigné, ainsi que l'apposition de reliefs sur l'avant. L'inconvénient, s'il en est un, est que l'unité de la collection s'en voit quelque peu brisée. Mais ce n'est en soi pas vraiment un problème.
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