CRITIQUE DVD

Oeuvre magistrale du début des années 80, injustement boudée à l'époque par la critique et le public, le film demeure une référence incontournable dans le registre science-fiction. C'est sans doute là que réside la faille, le public enthousiasmé par les précédents alien ou star wars, s'attendaient à une débauche d'effets spéciaux servie à grands coups de rayon lasers, il n'était pas près à subir de plein fouet un regard sombre de notre avenir face à une société toujours plus avide de technologie, un monde où le répliquant, esclave à la base, nourrit des sentiments proches de l'humain et s'insurge sur sa vie programmée trop courte.
On est plus proche du polar noir, la référence à philip marlowe n'est pas démentie par le réalisateur, robert Mitchum était du reste pressenti pour le rôle de decca. Ridley Scott imprègne tout au long de son film une moiteur, une noirceur qui rend irrespirable la mégalopole L. A. Beaucoup de messages sont parsemés ici et là, on imagine un monde pollué au point que les animaux n’ont pas survécu à cette course effrénée de l’industrialisation, la publicité omniprésente qui la sert, cette propagande qui envahit nos murs et notre espace jusqu’à ses vaisseaux qui arpentent inlassablement les rues et il y a le danger du clonage qui reste le fil conducteur de la trame du film.
L’aspect très sombre et pessimiste transpire de toute part, rendu sans doute à un moment où ridley scott venait de perdre son frère et un passage clé du film étaye cette thèse, la scène où Batty reproche à son concepteur une vie trop courte.
Derrière cela il reste une œuvre parfaitement maîtrisée où les personnages ont bien évidemment une part prépondérante à l’action, je devrais dire au détriment de l’action qui comme je le précise plus haut est sans doute le vecteur principal de l’accueil plutôt tiède du public.
Harrison Ford est parfait en blade runner, las et sevré de « retrait », en chasseur tombant amoureux de sa proie, prenant vraiment conscience de la richesse d’une vie et sa soudaine fragilité et dont l’énigme à demi cachée laisse penser que lui-même est un répliquant. Rutger hauer qui trouve là son meilleur rôle, qui vole on peut le dire la vedette à Harrison et qui pour la petite histoire a écrit lui-même cette prose magnifique à la fin du film après avoir décrit ce que les humains n’ont pu voir « Tous ces instants qui disparaîtront dans le temps, comme les larmes sous la pluie ». Sean Young est magnifique de fragilité, difficile d’avoir un casting aussi homogène, où chaque personnage tient un rôle ciselé à la perfection.
Le Final Cut est finalement très proche du director cut, il est totalement apuré de la voix off, sujet de controverse pour une partie du public et surtout des producteurs , pour ma part les deux me convenaient si ce n’est la partie inutile lors de la mort de batty, la fin est totalement en harmonie avec la vision de Scott, pas de happy end, la vie est courte il faut en profiter à chaque instant.
En conclusion je reprendrais la phrase de douglas trumbull: "Ce film est le casablanca de la science-fiction"

La remastérisation est somptueuse, un travail formidable et nécessaire par rapport au premier DVD décevant. Les voluptes de fumée, les lumières indirectes, la pollution palpable, les contrastes, c'est la perfection !

Dès les premières secondes, la spatialité inonde la pièce, la musique de vangelis commence à nous envahir et porte le film de bout en bout avec un lyrisme rarement égalé. Encore une fois la restauration permet enfin de profiter en 5.1 d'une bande son magnifique

Le making-of dure 3h32 ! Et je ne les ai pas vues passées. Il est incontournable de le visionner, pour comprendre la difficulté de la réalisation du script définitif, des multiples versions proposées mais non retenues, du conflit permanent du réalisateur avec son équipe technique et surtout des producteurs qui ne voyaient là qu'une oeuvre déstinée a faire de l'argent plutôt qu'à saisir l'oeuvre philosophique. Cette athmosphère pesante rejaillit également sur les acteurs où l'on apprend qu'harrison ford ne sortait de sa loge que pour tourner. Ne perdons pas de vue qu'à l'époque les effets spéciaux n'étaient pas numériques, et nous avons droit à un descriptif très technique sur les méthodes employées. Le casting n'est pas en reste, les décorateurs, les dessinateurs, les producteurs, chacun apporte une pierre à l'édifice de ce monument qu'est "les coulisses du film" et pour une fois on est loin de la complaisance affichée et souligne combien le projet a été difficile à mettre en place. Un seul petit regret, aucune scène coupée n'est montrée.

Boitier pseudo-métallique sur une affiche moyenne et terne. Une sérigraphie catastrophique où l'on voit plus les mentions légales et les logos, pas de chapitrage ni de livret, indigne d'une telle oeuvre, mais habituel de la part d'éditeurs où le respect de l'acheteur leur passe au dessus de la tête

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