Le réalisateur Marcus Nispel, à qui l'on doit le miraculeux remake de "Massacre à la tronçonneuse", nous livre avec ce "Pathfinder" une oeuvre visuellement très réussie, mais pêchant quand même au niveau de son intrigue qui n'arrivera jamais à impliquer le spectateur malgré la bonne volonté évidente de son auteur.
Le script prend suit l'odyssée d'un jeune viking abandonné par ses pairs, alors qu'ils venaient de débarquer sur une Amérique encore inconnue de l'Occident, aux mains des indiens et élevé par ceux-ci. Mais une fois devenu un homme, il va se retrouver face à une nouvelle invasion de vikings bien décidés à prendre possession des lieux en se débarrassant de ses habitants.
En guise d'introduction, le métrage va mettre en place cette prophétie indienne selon laquelle la vue d'un cheval blanc annoncerait de grands bouleversements pour nous faire suivre une femme indienne qui va presque par hasard tomber sur un drakkar abandonné et y découvrir un jeune garçon qu'elle va prendre "sous son aile" et l'imposer aux hommes de son village pas forcément heureux de voir ainsi arriver parmi eux un petit homme blanc de la race de leurs adversaires d'hier.
Puis le métrage va faire un bond en avant dans le temps pour présenter son personnage principal arrivé à l'âge adulte, nous montrant un jeune homme toujours quelque peu à part dans sa tribu, mais ayant appris à manier l'épée à merveille, ce qui lui sera bien utile pour la suite.
Et bien entendu, les vikings vont faire leur réapparition pour d'abord saccager son village et tuer tous ses habitants, sauf lui, parti dans les montagnes enneigées.
Après avoir voulu sauver son père adoptif en défiant les vikings, il va de la sorte déclencher une longue traque.
L'entame du métrage s'attachera donc à mettre en avant ce guerrier en nous le présentant de façon bien sûr positive, afin de bien faire la différentiation avec ses origines vikings, ceux-ci officiant ici en tant que brutes sanguinaires n'hésitant pas à tuer femmes et enfants, ce que refusera le personnage principal tout jeune lorsque son vrai père le lui demandera, pour mieux espérer nous le rendre sympathique et donc craindre pour sa vie lors des situations suivantes.
Mais hélas, la ficelle sera un peu trop grosse et ce sera plutôt passivement que nous suivrons des péripéties directement héritées du "survival" où les méchants vikings seront partout, mais sans jamais faire le poids face au personnage principal qui s'en tirera dans toutes les situations, parfois même en flirtant avec l'invraisemblance, tant ces rudes gaillards armés jusqu'aux dents sembleront bien facilement "prenables", et même dans la seconde moitié du métrage, lorsque le héros et son indispensable muse indienne (qui apportera au film une petite bluette bien inutile) seront prisonniers des vikings, les situations demeureront trop simplistes et parfois même embarrassantes de facilité (la chute finale des vikings). Cet état de fait se retrouvera également dans la violence du métrage, volontairement exagérée pour tenter d'imposer la sauvagerie des vikings qui hélas restera bien surfaite.
Mais heureusement, si le fond du métrage laissera un goût d'inachevé regrettable à cause d'un script trop basique piochant ses idées ici ou là (avec par exemple un peu de "Rambo" premier du nom pour les pièges dans la forêt), le réalisateur parviendra à nous en mettre plein les yeux en maîtrisant parfaitement l'esthétisme du film.
En effet, les décors naturels seront de toute beauté, la pureté des montagnes enneigés tranchant complètement avec l'humidité des sous-bois propices à de mauvaises rencontres, tandis que le look des vikings sera terriblement graphique et volontaire, symbolisant leur barbarie par leur casques et leurs armures belliqueuses les faisant presque ressembler à des démons tout droit sortis d'un Walhalla maléfique.
Les scènes de combat seront également rondement menées, mais resteront minimalistes pour se concentrer plutôt sur des détails sanglants eux aussi bien graphiques.
L'interprétation est assez neutre, avec des acteurs, Karl Urban en tête, ne parvenant que rarement à faire passer des émotions, alors que la mise en scène de Marcus Nispel est vive, dynamique pour rythmer la globalité du métrage.
Donc, ce "Pathfinder" pourra se faire apprécier, à la condition express de privilégier la forme sur le fond !
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