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V pour vendetta est l'adaptation cinématographique d'une BD éponyme d'Alan Moore, ce dernier étant le plus grand (osons le dire) scénariste de BD de tous les temps, en cela qu'il arrive à produire un contenu tout à la fois divertissant et intelligent, prenant toujours du recul quant à sa propre création. Le personnage principal s'inspire du réel Guy Fawkes, révolutionnaire dont la "conspiration des poudres" visait à assassiner le roi Jacques 1er d'Angleterre par le biais de l'explosion du Parlement, en 1605.
Le film V pour vendetta, première réalisation de l'assistant réalisateur des frères Wachowsky, arrive par bien des aspects à retransmettre la force subversive et divertissante de la BD originale. Tout d'abord dans l'incarnation de V, personnage énigmatique qui donne dès le départ l'impression d'être plus qu'humain, la présence de sa voix lui donnant une ampleur presque démiurgique, et la teneur de ses propos et de ses actions faisant de lui un sage : à lui seul il semble capable de provoquer une révolution des comportements et des consciences. Bien sûr, aux yeux de la justice et des possesseurs du pouvoir, c'est une dangereuse menace -il est d'ailleurs assez judicieux d'avoir casté John Hurt comme l'incarnation d'un Big Brother, figure totalitaire que le même John Hurt combattait dans 1984, adapté du chef d'œuvre de George Orwell. La private joke semble d'ailleurs continuer dans le dernier film de Alex de La Iglesia, Crimes à Oxford, alors que le personnage joué par John Hurt se déguise pour les besoins d'une soirée en... Guy Fawkes !
Preuve que les grands studios peuvent parfois permettre de grands films subversifs, V pour vendetta va jusqu'au bout de son idée avec une euphorie communicative. Si esthétiquement le film montre quelques faiblesses voire des fautes de goût (la projection des couteaux de V au ralenti) il ne laisse pas moins voir un contenu capable de fédérer tout son public vers une dynamique révolutionnaire, ce qui n'arrive pas tous les jours ! La masse des pouvoirs en place à la tête d'une dictature des médias et des consciences nous projette dans une réalité pas si éloignée de la nôtre. Rien que pour cela, il s'agit d'un film salutaire, qui allie bien le pur divertissement à un discours politisé très clair.
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